Ma rencontre avec Hubert Julien-Laferrière s'est faite dans un cadre amical. À l'époque, le Limocoin avait très bonne presse ; son fondateur, Émile Parfait Simb, avait même fait l'objet d'un portrait sur Radio France internationale. La caractéristique du Limocoin était qu'il devait être plus écologique que les autres cryptomonnaies. Le minage des cryptomonnaies, c'est-à-dire les calculs mathématiques très lourds effectués par des ordinateurs, consomme beaucoup d'électricité. L'idée était donc de recourir à de l'électricité verte. Le Limocoin devait également favoriser l'accès à la propriété en Afrique. Je pensais, à ce moment-là, que ce projet tenait vraiment la route.
Après que l'on a été présentés par des amis, j'ai évoqué ces différents éléments avec M. Julien-Laferrière. Les relations internationales, le développement durable ou l'émancipation des pays d'Afrique font partie des préoccupations et des spécialités de M. Julien-Laferrière. C'est donc naturellement qu'il s'est intéressé au Limocoin, qui se distinguait des autres cryptomonnaies. C'est tout aussi naturellement, sans que j'aie besoin de l'influencer, qu'il en a parlé dans le cadre de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, dont il est membre.
Il est ensuite apparu que M. Émile Parfait Simb traînait de nombreuses casseroles, comme c'est malheureusement parfois le cas dans le domaine des cryptomonnaies et comme le prouvent notamment les récentes faillites aux États-Unis d'établissements qui semblaient tout à fait respectables. J'avais quant à moi poussé la moralité jusqu'à appeler l'Autorité des marchés financiers du Québec, qui avait apposé un drapeau rouge sur le Limocoin. J'avais à cette occasion parlé une heure et demie environ avec un intermédiaire, qui m'avait expliqué que ladite Autorité mettait systématiquement des drapeaux rouges sur les cryptomonnaies. En effet, elle n'en comprenait pas très bien le fonctionnement et estimait, par conséquent, qu'elles étaient dangereuses.