Il est possible que la rédaction de BFM TV – mais je n'en fais pas partie – n'ait pas jugé importants les sujets traités par M. M'Barki. C'est un problème de hiérarchie de l'information. Lorsque Rachid M'Barki aborde les difficultés que les armateurs monégasques éprouvent après les sanctions prises contre les oligarques russes, tout le monde a immédiatement suivi la piste de l'ingérence russe. Je me garderai de révéler le nom de mes clients afin de ne pas les entraîner dans la tourmente médiatique, mais il n'est venu à l'esprit de personne que des entreprises privées monégasques, qui pour certaines existaient depuis trois générations, aient pu vouloir faire part de leur désarroi – après avoir écrit une lettre au prince de Monaco, d'ailleurs – sur la situation catastrophique où elles se trouvent et qui les oblige à licencier à tour de bras. Pour ce qui est du forum économique entre le Maroc et l'Espagne, organisé au Maroc, c'est une information. Je veux bien admettre qu'elle ne soit pas d'une importance décisive pour la France, mais il ne s'agit ni de fake news ni de deepfake. C'est une rencontre qui a eu lieu et qui a été relayée à de nombreuses reprises.
M. M'Barki a été placardisé, comme lui-même et ses collègues le reconnaissent. Il a cru disposer encore, la nuit, d'une cinquantaine de secondes de liberté éditoriale. Il a choisi de diffuser des informations que l'on ne verrait pas ailleurs pour se différencier, pour exister. Force est de constater qu'il ne disposait pas de cette liberté. Sa hiérarchie a décidé qu'il était allé trop loin et qu'il n'avait pas respecté le processus de validation en vigueur sur BFM TV.
D'autres journalistes que je connais peuvent, dans des pastilles, aborder librement des sujets sans rapport avec ceux qui suivent ou qui précèdent : parle-t-on pour autant d'influence, de manipulation, de prise en otage de l'antenne ? Il faut raison garder. Le journal que présentait M. M'Barki est diffusé la nuit, à une heure ; il ne bénéficie pas du replay et n'a ni compte Twitter ni compte Facebook. Les informations qui y sont diffusées ont un impact très limité.