Les mesures d'isolement dont il a fait l'objet pendant un certain temps ont certainement joué. Mettre quelqu'un à l'isolement, cela nous arrange en termes de sécurité, mais je ne crois pas que cela arrange le psychisme d'un homme. Être enfermé dans une cellule vingt-deux heures sur vingt-quatre, c'est difficile sur le long terme. Après l'isolement, il est passé au quartier spécifique d'intégration (QSI), avant de réintégrer la détention ordinaire.
Notre travail consiste aussi à « porter » ces personnes détenues. Il y a une date de libération et il faut que, ce jour-là, elles soient à peu près sociabilisées. C'est ce qu'on s'est évertué à faire avec M. Elong Abé. Psychiquement, c'est quelqu'un qui pouvait tomber dans une forme de déprime, mais aussi devenir assez prolixe, sinon exubérant. C'était un peu en dents de scie.