Merci beaucoup, madame la ministre, de vos mots sur l'assassinat du préfet Érignac et d'avoir ainsi remis en perspective les événements qui nous occupent : l'assassinat ou le meurtre d'Yvan Colonna est un drame, mais on oublie souvent le drame précédent sans lequel nous ne serions pas là à en parler.
Parmi les critères d'attribution du statut de DPS, vous avez évoqué l'émoi de la société en cas d'évasion. L'émotion que son meurtre a inspirée au pays – pour moi, Yvan Colonna était le détenu le plus connu de France – en donne une idée. Pensez-vous que ce critère soit judicieux ? Concerne-t-il beaucoup de détenus ? Qu'en était-il à l'époque où vous étiez à la Chancellerie ?
Les homicides en prison ne sont malheureusement pas rares, mais chacun d'eux ne fait pas l'objet d'une commission d'enquête à l'Assemblée nationale. Il y a d'autres faillites – je me permets de vous reprendre ce mot – de notre système. La surpopulation est le plus grand fléau dans nos prisons : on n'a jamais assez de surveillants, de cellules, de moyens, de médecins, bref de tout ce dont les détenus auraient besoin pour se réinsérer. Nous avons beau voter des budgets très ambitieux et historiquement élevés, on a beau ouvrir des places, on court toujours après les moyens, car le surnombre perdure. Il est le fruit – je taquine mon collègue Baubry – de la sévérité de la justice : les peines sont de plus en plus longues, lourdes et de plus en plus souvent exécutées. Avec le recul, quel est votre point de vue à ce sujet et sur les alternatives à la détention que l'on pourrait mettre en œuvre, dans la suite de ce que vous aviez décidé à l'époque ? Elles peuvent être bien plus favorables à la réinsertion – ce n'est pas un gros mot.