Vous étiez ministre lorsque Mme Puglierini a pris ses fonctions de directrice à la maison centrale d'Arles. Je ne m'attarderai pas sur sa gestion laxiste, car je ne sais pas ce que ce terme pourrait signifier pour vous qui êtes la figure de proue de la suppression des peines planchers, et qui aviez l'obsession de vider les prisons pour en faire des lieux de villégiature.
Je le dis d'autant plus sereinement que vous étiez également ma ministre de tutelle et que j'ai pu observer de l'intérieur le changement de doctrine que vous avez introduit. Votre nomination a inquiété le personnel de l'administration pénitentiaire, à juste titre, car votre message était bien plus axé sur la réinsertion que sur la sécurité – inquiétude amplifiée après votre première sortie ministérielle pour assister à un match de basket entre des détenus ayant bénéficié d'une permission de sortie, dont l'un d'entre eux a profité pour s'évader.
J'ai failli tomber de ma chaise lorsque vous avez parlé de votre parfaite action en matière de renseignement pénitentiaire : vous vous êtes opposée à l'extension de certaines de ses prérogatives et avez fortement ralenti la création d'un service ayant vocation à assurer la sécurité à l'intérieur comme à l'extérieur des murs de nos prisons.
Durant l'exercice de vos fonctions, vous avez défendu des positions contradictoires concernant la radicalisation des détenus. Après vous être déclarée très réservée sur l'initiative d'un directeur d'établissement de regrouper et d'isoler les détenus identifiés comme islamistes radicaux, vous avez étendu cette expérimentation à d'autres établissements pénitentiaires dans un plan de lutte contre la radicalisation que vous avez annoncé en 2015.
Ne pensez-vous pas que votre réticence à l'égard du renseignement pénitentiaire et de l'instauration de quartiers pour détenus radicalisés ainsi que votre rejet de la création d'établissements spécialisés aient pu favoriser la prolifération de l'endoctrinement islamiste au sein des établissements pénitentiaires ?
Par ailleurs, vous aviez autorité pour lever le statut de DPS d'Yvan Colonna – vous ne l'avez jamais fait – et pour vous opposer à son transfèrement vers Réau pour suspicion d'évasion. Quels éléments pouvez-vous fournir pour attester du bien-fondé de cette décision ? Ce transfert n'a-t-il pas joué un rôle dans le maintien de son statut de DPS ?
Merci de nous éclairer sur l'ensemble de ces points.