Nous ne cherchons pas à remettre en question l'octroi de mer mais nous souhaitons une meilleure péréquation des taux. Pour des produits fabriqués localement, un différentiel de taux paraît légitime, puisqu'il permet de compenser partiellement les surcoûts de la production locale. Il est vrai que certains produits sans équivalents locaux sont taxés, ce qui contribue à élever le coût de la vie. Je citerai les pâtes à tartiner taxées à 15 % alors qu'on n'en produit pas en Martinique, ou les lessives taxées à 20 %, alors qu'il n'y a pas de fabricant de lessive. À l'inverse, des produits faiblement taxés ont une élasticité de prix faible. Augmenter de deux ou trois points, non les véhicules utilitaires mais les voitures de tourisme d'une certaine taille, ne changerait pas le nombre de véhicules vendus. On doit améliorer la péréquation des taux plutôt que remettre en question l'octroi de mer. C'est la position de la chambre de commerce et d'industrie, qui souhaite clairement que les produits concurrents de la production locale ne bénéficient pas de la péréquation.
Pour les entreprises, la TVA n'est ni une charge ni un produit, elle est traitée en compte de tiers. Sa suppression aurait un effet sur les comptes de l'État et le panier du consommateur mais elle serait sans conséquence pour le compte de résultat des entreprises.
C'est en envisageant globalement l'attractivité du territoire que nous lutterons contre la fuite des cerveaux. Les jeunes s'en vont parce qu'ils ne trouvent pas de travail, qu'ils ont du mal à se loger et à se déplacer. Il faut aussi s'interroger sur l'employabilité de certains d'entre eux, puisque la journée défense et citoyenneté révèle que 33 % des jeunes Martiniquais ont des difficultés pour lire et écrire. Pour améliorer les revenus et l'emploi, il faut reconsidérer l'éducation et la formation. Cela va au-delà du sujet de votre commission d'enquête, mais c'est une préoccupation pour les chefs d'entreprise que nous sommes parce que nous n'aurons bientôt plus la main-d'œuvre nécessaire, y compris dans les emplois non qualifiés, et le taux de chômage restera élevé. Interrogeons-nous collectivement et globalement sur ce que nous devons faire.
Concernant notre insertion dans l'environnement géographique, nous pouvons plus facilement partager avec nos voisins nos savoir-faire et nos compétences. Il convient d'engager une réflexion sur l'immatériel, alors que depuis toujours nous nous focalisons sur le matériel. Nos voisins produisent les mêmes choses que nous à des coûts moindres mais nous pouvons leur vendre nos compétences en matière de constructions parasismiques et anticycloniques, d'énergie renouvelable, de numérique, même si, en ce domaine, la compétition est plus ouverte.
Les chambres de commerce contribuent significativement à la réflexion sur l'intégration dans la Caraïbe. La chambre de commerce et d'industrie de Martinique est à l'origine, avec d'autres, de la création du réseau Caricham regroupant vingt-six chambres de commerce du nord au sud de la Caraïbe jusqu'à Cuba. Des échanges que nous avons avec eux et le Team France Export, il ressort bien que le savoir-faire est ce que nous pouvons leur apporter de mieux.
Quant aux importations, au-delà du risque de déstabilisation de notre agriculture, veillons à éviter un problème sanitaire. Nos normes de sécurité sanitaire sont sans doute contraignantes, mais elles nous protègent. Le chlordécone nous a causé des difficultés suffisamment graves pour que nous en tirions les leçons !