Une étude de l'Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) de La Réunion a montré que deux groupes représentent 65 % du marché de la grande distribution, l'un d'eux concentrant 50 % des dépenses. En visite chez nous, la présidente de région s'en est offusquée. Également présidente des régions ultrapériphériques, elle voulait le faire remonter au Gouvernement et demander que des mesures soient prises pour éviter des positions aussi dominantes dans un territoire. En tant que chambre de commerce, je ne vois pas ce que nous pouvons faire. Nous héritons d'une situation. Il existe aussi une position dominante dans le secteur de la quincaillerie et du bricolage. Avec de telles structures, il est difficile de créer une véritable concurrence.
Le prix du fret ne représente pas beaucoup dans les prix d'importation. Nous sommes plus gênés par l'opacité de la composition de la formation du prix. On ne connaît pas les marges des importateurs ni celles des intermédiaires. Ceux qui opèrent sur ces marchés préfèrent payer des amendes plutôt que de publier leur bilan. Il est difficile de connaître la source de cet écart de prix. Entre la métropole et La Réunion, les différences de prix d'un même article vendu par la même enseigne varient parfois du simple au double sans qu'on puisse expliquer pourquoi.
L'octroi de mer produit une rente de situation. Les yaourts produits en métropole sont grevés d'octroi de mer pour protéger la production locale, mais les yaourts fabriqués localement restent chers. Dans un marché aussi étroit, celui qui en produit souhaite voir les yaourts importés taxés par l'octroi de mer afin de protéger l'industrie locale, ce qui surenchérit tous les prix. De même, en raison de la présence d'un unique fabricant de matelas employant moins de dix salariés, tous les matelas arrivant à La Réunion sont grevés d'octroi de mer. Face à ces entraves, nous sommes assez démunis, puisque nous ne pouvons pas agir sur l'octroi de mer. Les commerçants préféreraient la TVA à l'octroi de mer, parce que celle-ci est déductible alors que l'octroi de mer est une taxe, donc une charge complète.