La Guyane n'étant pas soumise à la TVA, il nous serait difficile de parler d'une autre fiscalité que l'octroi de mer.
Le monopole de la compagnie CGA CGM provoquant des difficultés de transport maritime, les entrepreneurs guyanais sont obligés de stocker pour éviter les ruptures d'approvisionnement. Depuis le début de la guerre en Ukraine, il est de plus en plus difficile d'obtenir des bouteilles de verre pour conditionner le rhum. Nous rencontrons aussi des difficultés dans le transport aérien en raison du monopole d'Air France pour les lignes des Antilles.
Je confirme que nous ne connaissons pas la structuration du capital social des sociétés. Le 1er janvier, on nous a retiré le centre de formalités des entreprises, en sorte que nous n'avons de chiffres que jusqu'au 31 décembre 2022. On peut vous dire qui dirige telle société, dans quel secteur d'activité, en recoupant avec les données du fichier, mais on ne peut rien vous dire de l'intégration d'une structure horizontale ou verticale. Dans la grande distribution, nous constatons le monopole de certains groupes mais nous ignorons leurs pourcentages par rapport à l'ensemble.
Concernant les études, nous n'avons que les chiffres que veulent bien nous fournir nos ressortissants. Ce n'est pas le rôle de la chambre de déterminer la structure d'un prix. L'effectif du siège est passé de 120 personnes en 2017 à une trentaine en 2023, parce que notre recette fiscale se limite à 440 000 euros depuis 2017. Faute de personnel, nous ne pouvons plus accompagner les observatoires ou décomposer les résultats. Nous n'avons plus les moyens de payer ce type de service.
Certes, la Guyane est proche du Surinam et du Brésil mais c'est aussi le seul pays européen d'Amérique du Sud et, en tant que tel, assujetti aux règles et normes européennes. Quand on veut importer de la viande du Brésil, l'un des plus grands fournisseurs de viande bovine, faute de poste d'inspection filtrage (PIF), la viande doit remonter au Havre avant de redescendre en Guyane. Nous réaliserions des économies si on nous permettait d'avoir un PIF pour traiter directement avec les pays voisins. Toutefois, nous ne serons jamais concurrentiels face à un mastodonte comme le Brésil compte tenu de la grande différence de cours entre le réal et l'euro et du prix de la main-d'œuvre qui en résulte. De plus, nous sommes très hostiles à la venue à Cayenne de transporteurs brésiliens car nous payons les autocars 290 000 euros, bien loin du réal brésilien, et nous appliquons la réglementation européenne qui prévoit temps de transit, temps de repos, chronotachygraphes et limiteurs, ce qu'ignore un transporteur de Macapa dont les chauffeurs font en une journée l'aller-retour jusqu'à Cayenne.
Les normes et les critères de rentabilité font obstacle à l'ouverture de notre marché. Nous pourrions seulement gagner en productivité et devenir plus concurrentiels grâce à des aides fiscales, mais c'est très compliqué. On peut ouvrir mais pas à n'importe quel prix, car nous risquerions de détruire l'économie guyanaise.
La CCI de Guyane regroupe 18 000 entreprises, dont plus de 67 % de microentreprises qui comptent de zéro à un salarié. Le poids des grands groupes n'est pas considérable au regard du nombre d'entreprises. Certains commerçants s'approvisionnent au Surinam parce que c'est moins cher. De surcroît, ils arrivent à échapper aux droits de douane. C'est utile pour une partie de la population, mais il faudra trouver une solution, pour nous aider à travailler. Il serait intéressant de faire venir des produits non disponibles en Guyane mais il faut protéger, par l'octroi de mer, ce qui est fabriqué en Guyane. Au Brésil, la lessive est beaucoup moins chère et une entreprise en Guyane ne sera jamais concurrentielle dans ce domaine.
Pourriez-vous nous aider à obtenir ce fameux poste inspection filtrage (PIF) qui, dans certains secteurs, permettrait une économie de fret monumentale ?