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Intervention de Nassroudine Mlanao

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Nassroudine Mlanao, membre de la CCI de Mayotte :

Consultant en commerce de grande distribution, je suis élu de la CCI de Mayotte qui compte plus de 90 % de petits commerçants et de microentreprises de zéro à cinq salariés.

En plus des difficultés soulignées par mes collègues, notre territoire présente la particularité d'être confronté une forte insécurité, laquelle vient encore de faire la une des journaux nationaux. Les entreprises doivent consentir d'énormes efforts financiers pour sécuriser les biens et les personnes. Depuis cinq ans, les coûts de gardiennage et le budget consacré aux matériels de sécurisation ainsi qu'à l'emploi d'agents de surveillance flambent et connaissent une croissance à deux chiffres.

Outre sa représentation à l'observatoire des prix et des marges, la CCI de Mayotte mène de front plusieurs actions contre la vie chère.

Nous avons lancé une étude sur la création d'une compagnie maritime régionale destinée à faciliter les échanges de la sous-région. Nous connaissons des difficultés d'approvisionnement depuis l'Hexagone, l'Europe et le reste du monde, car les navires ne viennent pas directement jusqu'à Mayotte. Les compagnies maritimes ont installé des moyens de cabotage depuis les ports environnants, en sorte que nous attendons parfois plusieurs mois l'arrivée de conteneurs.

Pour lutter contre la fuite des cerveaux, la CCI a créé des formations initiales et professionnelles. Faute de structures d'enseignement supérieur suffisantes, les bacheliers partent suivre des formations à La Réunion ou dans l'Hexagone et, bien souvent, les Mahorais ne reviennent pas dans leur territoire, notamment à cause de l'insécurité.

À cela s'ajoute le manque d'eau. Depuis neuf mois, nous subissons deux à trois coupures hebdomadaires. À la fin de la saison des pluies, les retenues collinaires ne sont toujours pas remplies. Cela pose des difficultés aux entreprises, qu'elles utilisent l'eau pour leurs productions directement ou indirectement.

La CCI construit une technopole destinée à la recherche, en espérant que la richesse de la biodiversité sera une source d'attractivité. Conscients de l'étroitesse du territoire, nous souhaitons produire des biens à valeur ajoutée plutôt que des biens de première nécessité en autosuffisance. Moins de 10 % des produits manufacturés viennent du territoire. Les plus de 90 % de produit importés le sont avec difficulté, tant par le flux maritime que par le flux aérien, ce dernier étant très coûteux. Le flux maritime est si intermittent que les acteurs économiques doivent stocker inconsidérément et prévoir des entrepôts logistiques surdimensionnés. Il en résulte des surcoûts et des pertes constatées dans le port de Longoni, ce qui contribue augmenter le coût de la vie.

La CCI recherche donc modestement des solutions au travers de ses projets de compagnie maritime et de technopole, tout en essayant de fédérer les 90 % de microentreprises. Elle est présente sur le terrain pour accompagner leur digitalisation et la mutualisation des réseaux d'importation.

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