Intervention de Jean-François Hoarau

Réunion du vendredi 24 mars 2023 à 9h00
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Jean-François Hoarau, professeur en sciences économiques au Centre d'économie et de management de l'océan Indien de l'université de La Réunion :

C'est bien plus compliqué à faire qu'à dire. À La Réunion, il faut créer un système de transport collectif efficace. Le tout automobile n'est pas la solution, d'une part parce que c'est une catastrophe écologique et, d'autre part, parce que les énormes embouteillages ont un coût du point de vue de la productivité. Certains chefs d'entreprise de La Réunion commencent pour cette raison à discriminer les candidats à l'emploi en fonction de leur lieu d'habitation. De plus, il y a des ménages pauvres qui n'ont pas accès à l'automobile parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Il convient donc de mettre en place un système de transport collectif propre et solidaire, accessible au plus grand nombre, tel qu'un tram-train. Cela fait des années que l'on en parle mais rien ne se produit. Je sais que c'est difficile à réaliser mais c'est pourtant la seule solution pour apporter un peu de visibilité en matière de connexion entre le lieu d'habitation et le bassin d'emploi.

L'amélioration de la production locale et la progression de la coopération régionale sont liées. Si l'on considère que les principaux freins structurels sont la distance et le défaut d'économies d'échelle, une des perspectives d'avenir est l'ouverture au commerce international, principalement dans notre zone régionale. Nous avons des cartes à jouer. La Réunion a des compétences en matière agricole et agroalimentaire, avec certaines normes qui seraient plutôt un avantage en termes de sécurité. Nous pourrions très bien investir les petits marchés touristiques de luxe, obligés d'importer massivement la nourriture pour la population et pour les touristes, en développant une production de qualité. Nous avons aussi des avantages à faire valoir en matière de bâti tropical sur les marchés régionaux.

On en revient ainsi à la diplomatie territoriale. Pour décider des orientations du développement régional en traitant d'égal à égal avec nos partenaires, il faut disposer d'une marge d'autonomie. Si nos camarades antillais se sont déjà engagés dans cette voie depuis la loi du 27 juillet 2011, élargie il me semble par la loi du 5 décembre 2016, La Réunion et Mayotte n'ont pas fait grand-chose ; il faudra desserrer ce frein. Nous avons des marges de progression, en terme d'import substitution et dans plusieurs domaines comme l'énergie et l'économie circulaire dans lesquels il y a énormément de potentiel.

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