La vie chère trouve des causes structurelles. Nos économies restent orientées vers les échanges avec la France continentale, ce qui induit mécaniquement des coûts logistiques. Depuis l'année dernière, le prix du transport par conteneur a été multiplié par trois. En outre, se posent sur place la question des marges et celle de la fiscalité. Il convient donc d'essayer de déterminer la part de responsabilité de chacun de ces maillons.
La fiscalité inclut l'octroi de mer et la TVA mais les bases de taxation sont différentes et les informations ne sont pas toutes disponibles. Si nous connaissons le montant de la TVA, qui s'applique au prix hors taxe, ainsi que le prix final du produit, comprenant la marge du commerçant ou de l'intermédiaire, il est impossible d'obtenir le montant de l'octroi de mer car celui-ci est calculé sur le prix CAF (coût, assurance, fret), dont nous ne disposons pas. Nous serons d'ailleurs toujours dans l'incapacité de le connaître car si nous connaissions le montant acquitté au titre de l'octroi de mer, nous en déduirions le prix CAF et donc la marge de l'importateur ou du revendeur.
Concernant les marges, La Réunion présente l'avantage de ne pas appliquer d'octroi de mer externe et régional sur environ 20 % des biens importés, spécificité non valable dans les autres DOM. En étudiant les produits taxés à 0 %, nous avons la possibilité de repérer la part des marges et celle du transport – cette dernière information, stratégique car elle porte sur le prix payé au départ de la métropole, n'est en effet pas connue. Cela permet de décomposer plus facilement le mécanisme de formation des prix et d'identifier les leviers à activer contre la cherté de la vie.
Le coût de la vie est un problème de pouvoir d'achat, lequel est lié avant tout à l'absence de revenus. Or le marché du travail dans les outre-mer est bien moins actif qu'en métropole. Le développement de l'économie passe par l'insertion dans le marché du travail, qui est la première source de revenus, et se mesure à l'aune de la capacité à maintenir durablement les personnes dans l'emploi. La stratégie consiste donc à améliorer les compétences et à renforcer la formation afin d'augmenter le capital humain. La condition initiale du développement reste une population active, formée, compétente, capable de relever les défis qui sont devant nous.