Le sujet a été abordé dans le rapport de fond et présenté lors des deux premières auditions de votre commission d'enquête ; je serai donc assez rapide. Il y a un gros écart entre le PIB moyen par habitant national, qui est de 34 000 euros, et celui des territoires d'outre-mer, qui s'établit à 22 000 euros, celui de Mayotte étant très inférieur. Ces écarts de revenus reflètent un fort taux de pauvreté. Si 14 % des Français vivent en dessous du seuil de pauvreté, ce taux est bien plus élevé dans les territoires d'outre-mer.
Dans certains territoires, comme la Martinique et, à moyen terme, La Réunion, la population vieillit et, à cause de carrières hachées, de non-emploi et de bas salaires, le niveau moyen des pensions de retraite est bien inférieur à celui de métropole. En outre, l'Observatoire des inégalités souligne le taux élevé de familles monoparentales, qui s'établit à 40 %. Un enfant sur deux vit dans une famille monoparentale, et rencontre donc des difficultés économiques et d'accès à l'emploi.
À l'origine de ces phénomènes, on trouve un marché du travail contraint et un taux de chômage élevé, donc une production faible et peu de revenus sur le territoire. Certains emplois qualifiés sont en outre sous-rémunérés en comparaison de l'Hexagone : des pays voisins de La Réunion offrent des prestations de service qui rendent l'emploi et le salariat réunionnais non compétitifs.
Le niveau de qualification est insuffisant pour une grande partie de la population, qui connaît des conditions de vie sont difficiles, voire déplorables, ce qui limite l'initiative entrepreneuriale comme la recherche de formation et d'emploi.
On constate un accaparement des richesses par une seule partie de la population, donc une situation oligopolistique, une absence de concurrence, ce qui exerce un effet important sur les prix et donc directement sur le pouvoir d'achat des populations de la France d'outre-mer.
La départementalisation a fait évoluer la structure de l'activité. Le secteur non marchand s'est développé ; la création d'équipements publics ou de services administratifs a permis la création de nombreux emplois, mais aussi entraîné une perte d'activité productive du secteur agricole et entravé le développement de l'agro-industrie.
La dépendance alimentaire résulte également de la volonté de préserver la surface agricole pour les cultures de rente. Comme nous l'avons souligné dans notre rapport, les transferts publics croissants, qu'ils soient sociaux ou productifs, font obstacle à la diversification de ces économies. La dynamique institutionnelle hésite entre la volonté d'application uniforme du droit national parce qu'on est tous de France, voire d'Europe, et la reconnaissance des spécificités. Ces hésitations limitent la compétitivité des entreprises et le développement d'une autosuffisance alimentaire.