De toutes les armées, la Marine est peut-être la mieux lotie dans ce projet de LPM. Je m'attarderai sur quelques points considérés comme moins centraux.
Pour m'intéresser particulièrement à la question de la maîtrise des fonds marins, il me semble déceler une relative imprécision dans le tableau présenté en annexe. Vous prévoyez la mise en place d'une capacité « moyens et grands fonds », mais la nature de cette dernière n'est pas précisée. J'aimerais que nous puissions la sécuriser.
Il y a quelques mois, j'ai visité un centre de traitement des données de la marine : son personnel lance un cri du cœur, réclamant plus de collègues pour traiter le volume considérable de données que la marine brasse désormais quotidiennement. Les moyens humains suivront-ils dans ce domaine ?
Vous savez que nous avons un doute quant à la façon dont le PANG contribuera à la souveraineté et à l'indépendance de notre pays, dans la mesure où la technologie des brins d'arrêt et catapultes est américaine. Cet outil de souveraineté sera donc tributaire, in fine, de la volonté de nos partenaires américains. Or, selon le témoignage du général Bentégeat, en 2003, lorsque la France n'a pas soutenu l'invasion de l'Irak, les Américains n'ont pas manqué de mettre dans la balance le MCO des brins d'arrêt et, je l'ai appris par ailleurs, de certains calculateurs de haute performance qui n'intéressaient pas directement la marine.
Enfin, quel est votre regard sur l'évolution de la doctrine française dans la zone indo-pacifique ? Ces derniers jours ont vu une forme d'inflexion du discours politique ; or je n'ai pas l'impression que le discours militaire ait changé. Suivra-t-il la même trajectoire, ou pensez-vous que nous ne venons d'assister qu'à un épiphénomène ?