Pendant les mois qui ont précédé la présentation de la LPM au Parlement, nous avons tremblé ; mais vous avez tenu la ligne, avec pugnacité, pour les armes de la France, à l'heure où la guerre est de retour sur le sol européen. Vous proposez ainsi une masse financière globale crédible, satisfaisante, des marches budgétaires à trois milliards, et non pas deux, ainsi qu'un objet fondamental pour le format de la marine : le porte-avions de nouvelle génération. Dans toute l'histoire de la Ve République, François Mitterrand a été le seul Président de la République à décider du lancement d'un programme de porte-avions, et Paul Quilès le seul ministre de la défense à signer l'ordre de mise en chantier.
Je souhaite revenir sur l'ambition géopolitique et géostratégique du modèle d'armée que vous soumettez à notre appréciation. La revue nationale stratégique nous a conduits du Groenland à Nouméa, autour de la notion de « puissance d'équilibre », que je trouve pour ma part chancelante et malheureuse. La stratégie indo-pacifique n'est-elle pas plutôt concentrée sur la zone indo-méditerranéenne orientale, autour du groupe aéronaval, et sur le Pacifique, autour du patrouilleur ? S'agissant du pivot à l'est, jusqu'où pouvons-nous aller, compte tenu de certains décalages et réductions de cible ? Je pense en particulier à l'armée de terre.
Enfin, le correctif budgétaire de 1,5 milliard pour l'année 2023 est-il un solde net, ou sera-t-il retranché des annualités budgétaires de 2024 et 2025 ?