La France et la Grèce ont un long héritage d'amitié. Il n'est qu'à rappeler l'enthousiasme que provoquèrent, dans notre pays, les glorieux épisodes de la guerre d'indépendance et l'héroïque résistance des armées et du peuple hellènes à l'agression fasciste et nazie. Cette relation particulière a débouché, en octobre 2021, sur un accord de défense d'envergure de nos deux nations. À l'achat de vingt-quatre Rafale et de trois nouvelles FDI pour un investissement total de 3 milliards d'euros, s'est ajouté un accord de défense mutuelle en cas d'agression de l'un ou de l'autre des pays. Il fait suite à un épisode de tension latente entre la Grèce et la Turquie, mais aussi entre la France et la Turquie.
La Grèce est aux avant-postes d'une région tourmentée, où les intérêts géopolitiques et énergétiques sont majeurs. Le conflit ukrainien conforte la stratégie grecque de ces dernières années visant à sortir d'un provincialisme turco-centré pour se positionner plus largement comme un carrefour de sécurité capable de façonner les évolutions régionales à travers de nouvelles alliances et un outil militaire crédible. C'est dans ce cadre que s'inscrit le partenariat franco-hellénique. Ce choix stratégique semble pertinent, puisque le rôle d'interface énergétique, stratégique et économique entre l'Europe et la Méditerranée orientale devient le nœud des intérêts européens et américains dans la région, ce qui n'est pas chose aisée face à la Turquie. Dans le cadre de cette nouvelle stratégie géopolitique de la Grèce, quel rôle le partenariat privilégié avec la France peut-il avoir à court terme et à moyen terme, et pour le développement d'une culture de défense commune en Europe ?