Face à la menace russe, l'Otan a renforcé son flanc est, notamment en Roumanie. Ainsi, depuis février 2022, la France assure le commandement d'un millier de soldats de l'Otan, dans le cadre de la mission Aigle. Dans le droit fil de la Boussole stratégique, l'Europe affiche sa volonté d'inciter à l'interopérabilité des équipements militaires. À ce titre, le Fonds européen de la défense a pour objectif de permettre la constitution de matériels communs. Cependant, si la dimension technique de l'interopérabilité est régulièrement mise en avant, les volets stratégique, culturel et opérationnel semblent oubliés.
Les exercices conjoints sont le plus souvent menés sous l'égide de l'Otan, ce qui est le cas en ce moment de l'exercice mobilisant les forces roumaines, françaises, belges et néerlandaises. Quels défis pose l'interopérabilité de l'armée roumaine avec les armées européennes, notamment avec l'armée française ? Quelles différences dans les modèles d'armées pourraient ralentir la mise en œuvre de l'interopérabilité ? Les exercices conjoints permettent-ils d'élaborer des doctrines tactiques et des procédures communes concourant à une standardisation ou à l'émergence d'une culture commune en matière d'organisation des différentes fonctions opérationnelles des armées européennes ?
Ces questions paraissent d'autant plus importantes que, dans le cadre de la préparation de la future LPM, nous analysons les difficultés liées aux programmes européens de défense promus par la Boussole stratégique, comme celui du système de combat aérien du futur (Scaf). Sans paraître défiants par rapport à la stratégie européenne, nous nous interrogeons sur son état d'avancement. Quel regard l'armée roumaine porte-t-elle sur la Boussole ? Votre pays partage-t-il nos questionnements sur les conditions de sa mise en œuvre ? Vous avez évoqué la nécessité de tenir le calendrier, ce qui laisse supposer que vous avez aussi des questions à ce sujet.