Cette question a donné lieu à de nombreuses discussions en interne avec les armées. Il est clair que la longévité de l'opération Barkhane, qui faisait suite à Serval, a créé un rythme d'activité soutenu pour les forces armées, singulièrement pour l'armée de terre, et – bien légitimement – nos soldats, engagés dans des armées d'emploi, sont inquiets de ce que sera leur activité dans les temps qui viennent. Une part de cette inquiétude porte évidemment sur l'entraînement car les soldats redoutent de rester dans les régiments sans plus rien faire. Le projet de loi de programmation militaire comporte donc des propositions en termes d'entraînement car il n'est pas question d'entreprendre des OPEX dans le seul but d'entraîner nos hommes – pardon pour cette formulation provocante, mais elle répond à certaines propositions que j'ai entendues. Nous devons donc être capables de proposer de l'entraînement.
En deuxième lieu, le monde n'est pas calme et, au moment où le président de la République a pris la décision de mettre fin à l'opération Barkhane, l'opération Aigle a démarré en Roumanie et, même s'il ne s'agit pas d'une OPEX comme les autres, puisqu'elle ne comporte pas d'ouverture de feu et engage une autre posture, c'est tout de même une forme d'OPEX. Nos armées ont donc des missions et je ne suis, hélas, pas très inquiet pour leur activité dans les années qui viennent, y compris pour l'armée de terre car, au vu des menaces que nous avons pu passer en revue, il y aura toujours du travail pour nos soldats, qui sont du reste également engagés dans des missions de maintien de la paix, parfois oubliées. Je tiens à citer à cet égard la Force intérimaire des Nations Unies au Liban, la FINUL, gourmande en forces et pour laquelle les régiments se succèdent par rotation tous les trois ou quatre mois pour accomplir sous bannière des Nations Unies une mission qui n'est pas tout à fait neutre, comme on l'a vu dans l'actualité libanaise la plus récente. On voit bien que la France a des engagements.
J'espère que vous m'aiderez tous à redire que ce ne sont pas les OPEX qui font le format d'armée : c'est à partir de ce format que nous nous tenons prêts à assumer des missions qui sont bonnes pour l'intérêt général du pays, en trouvant des moyens de gestion de l'activité de nos forces armées pour leur éviter de perdre en compétences et en mobilisation.