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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 15h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

La France va passer un cap symbolique puisqu'elle dépensera 69 milliards pour les armées en 2030, soit plus que pour l'éducation primaire et secondaire. Certains seuils sont révélateurs.

Vous avez indiqué que 13 % des crédits seront consacrés à la dissuasion nucléaire. Ce sera peut-être davantage mais nous ne le saurons pas car presque toutes les informations sont classifiées. Cela représente environ 9 milliards par an d'ici à 2030, soit 24,6 millions par jour. Cette augmentation va à l'encontre des engagements que nous avons pris en signant le traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Pourquoi s'acharner à garder ces armes illégales et inutiles ? Nous devrions en réduire le nombre et travailler à une suppression de l'arme nucléaire dans un cadre multilatéral.

Elle a toujours été présentée comme un instrument qui préserve la paix. Or dans nombre d'interventions, dont la vôtre, on estime que c'est le fait de posséder l'arme nucléaire qui permet à Poutine de continuer à faire la guerre car il n'est pas possible de franchir certaines de ses lignes rouges. Cela démontre que l'arme nucléaire est inutile.

Le rapport annexé indique qu'une capacité d'action dans l'espace sera développée. J'ai été le co-rapporteur d'une mission d'information sur l'espace et nous avions montré à cette occasion qu'en cas d'attaque contre des satellites, tous ceux qui sont en orbite seraient détruits par les débris. Il vaudrait beaucoup mieux œuvrer contre l'arsenalisation de l'espace, conformément au droit international.

La revue nationale stratégique érige l'influence en fonction stratégique. À ce titre, la diplomatie française est intégrée dans la réflexion militaire et stratégique. Si l'articulation entre défense et diplomatie n'est pas nouvelle, penser la diplomatie comme un outil au service de la stratégie militaire est tout de même inquiétant. Cela peut conduire à une militarisation des esprits et des tâches des diplomates. C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison qu'on a souhaité supprimer les corps diplomatiques. La feuille de route de l'influence de la diplomatie française présentée en décembre 2021 nous avait alertés sur ce tournant. Nous en voyons désormais les effets concrets. C'est aussi l'occasion de rappeler qu'avec 3,5 milliards d'euros, le budget du Quai d'Orsay est près de vingt fois inférieur à celui prévu pour les armées en 2030. Encore un symbole qui nous semble, lui aussi, très grave.

Lors de ses vœux aux armées, le président de la République a indiqué qu'il présenterait une stratégie ultramarine avant le projet de LPM. Il semble que cette occasion a été manquée puisque cette stratégie n'a pas été dévoilée. Quel sera son objectif ?

Le projet de LPM aborde-t-il les questions liées à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires, qui est encore attendue. Le dossier avance en Polynésie mais il faut aussi prendre en compte les victimes algériennes. Comment devront-elles présenter leur dossier d'indemnisation ? Un véritable travail reste à faire avec votre homologue algérien et la diplomatie peut faire avancer les choses.

Enfin, j'ai l'impression que nous envoyons nos missiles obsolètes en Ukraine. Ce n'est pas la première fois qu'un ministre des armées nous indique qu'une intervention ne coûte rien car les armes utilisées auraient dû, de toute manière, être détruites et remplacées.

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