Le spatial fait partie des capacités différenciantes que j'évoquais, permettant ensuite d'agréger des partenaires. Si vous disposez de capacités spatiales en termes de communication, de renseignement par l'image ou de navigation et de positionnement, cela change radicalement les choses. Je ne peux, faute de temps, entrer dans le détail de ces fonctions. Une européanisation se dessine de manière très intéressante autour de la fonction de positionnement et de navigation, via Galileo. Il existe des enjeux de premier plan dans le champ du renseignement spatial. Une problématique – qui n'a pas nécessairement vocation à apparaître en tant que telle dans la future LPM – se fait jour surtout de plus en plus nettement : les opérations dans l'espace. Je suppose que le commandement de l'espace (CDE) pourra être auditionné par votre commission et vous livrer une vision très complète de ces enjeux.
Le poids politique, au sein du commandement de l'OTAN, n'est pas seulement une question liée au nombre d'hommes mobilisés. Il dépend naturellement de la composition de ce corps d'armée, suivant que celui-ci est constitué par de nombreuses petites nations ou par d'autres grandes nations. La disposition de ces éléments organiques – divisions et corps d'armée – qui font en partie défaut aujourd'hui dans le champ de la défense surface-air, de la logistique, du feu dans la profondeur et du renseignement de ciblage, permet de justifier le commandement de grandes unités. À l'évidence, la contribution numérique compte aussi. Si vous avez un corps d'armée de deux ou trois divisions, il faut au moins disposer d'une division complète, voire un peu plus, et être capable de compléter les divisions présentes. Nous aurons du mal à le faire en l'état actuel.
Je suis convaincu qu'il existe un avantage considérable à faire partie du commandement intégré de l'OTAN, pour tous les enjeux d'interopérabilité. On ne mesure qu'aujourd'hui le retard accumulé par la France durant les années pendant lesquelles nous nous trouvions hors du commandement intégré. Sa réintégration tardive explique en partie le manque d'influence de la France au sein des structures de l'OTAN. Ce retard peut se rattraper mais il se paie encore aujourd'hui.