En février dernier, le vingt-huitième rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement rendait compte de la situation catastrophique du parc de logements dans les territoires dits d'outre-mer. Il recensait en effet plus de 24 000 logements dégradés en Martinique, 30 000 en Guadeloupe, 33 000 à La Réunion, et 47 % des ménages guyanais étant confrontés au moins à un défaut grave en la matière. Dans les outre-mer, 13 % du parc de logement est insalubre contre seulement 1,2 %, dans l'Hexagone – c'est donc dix fois plus chez nous ! – ; 80 % des habitants des outre-mer sont éligibles au logement social, mais seulement 15 % en bénéficient ; le déficit de logements sociaux dépasse 90 000… Pourtant, les crédits alloués au logement social outre-mer ont diminué dans la loi de finances pour 2023 !
Face à l'urgence au regard des risques majeurs qui pèsent sur nos territoires, nous ne nous contenterons plus de discours : nous voulons des actes pour assurer qualitativement et quantitativement la construction de logements sociaux et pour lutter contre la prolifération de logements indécents.
L'État est-il réellement prêt à mettre en œuvre des moyens budgétaires, législatifs et réglementaires pour pallier l'augmentation des prix des matériaux de construction ainsi que le phénomène de spéculation foncière et immobilière ? En effet, pendant que la construction de logements sociaux stagne, le foncier subit un phénomène sans précédent de spéculation, alimenté par des promoteurs prédateurs privés extérieurs, qui exclut de fait nos compatriotes et nos bailleurs sociaux de l'accès au foncier constructible !
En outre, êtes-vous prêt à expérimenter comme nous le proposons, dans la logique d'une garantie universelle des loyers, un fonds national d'aide au paiement des loyers dans nos territoires ? Et à quand un véritable plan de rupture, doté d'ambitions et de moyens à la hauteur, tenant compte du coût humain généré par l'inefficacité de l'État depuis des décennies ?