C'est parce que l'État français reconnaît depuis toujours l'État d'Israël, parce que nous sommes des États amis, parce que nous voulons que la France joue un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, parce que nous sommes attachés aux droits humains et parce que nous travaillons depuis longtemps avec l'Autorité palestinienne qu'il est de notre responsabilité de porter un regard de clarté et de sagesse.
La résolution utilise le terme d'apartheid, un terme brutal issu de l'histoire de l'Afrique du Sud. La question est de savoir s'il est acceptable. Ce terme est repris à l'échelle internationale par la convention de 1973 ; il est défini. Il n'est donc pas tabou. Il faut pouvoir en discuter.
Les faits sont constatés. La colonisation des territoires palestiniens, condamnée par le Conseil de sécurité de l'ONU, la séparation des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, l'occupation du Golan avec ses réserves en eau, l'interdiction du droit au retour de la diaspora palestinienne, les raids armés, la capacité à contrôler les entrées et sorties de l'État de Palestine ainsi que les multiples entraves juridiques, politiques et sociales par l'administration israélienne sont autant de faits reconnus internationalement.
Ces faits correspondent à une partie de la définition retenue par l'ONU en 1973 ; l'impératif de clarté exige de le dire. Nier ces faits serait irresponsable, tout comme il serait irresponsable d'affirmer qu'ils constituent la réalité de l'ensemble du peuple palestinien : aujourd'hui, les Arabes citoyens d'Israël vivent sans entraves et peuvent notamment voter et se faire élire à la Knesset. Là encore, la clarté exige de le dire. Elle existe aussi de rappeler que la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) sur la question du boycott.
C'est la clarté ; la question est de savoir si c'est la sagesse. La sagesse, c'est de considérer que la France, par la situation diplomatique centrale qui est la sienne, doit jouer un rôle moteur essentiel et qu'à l'échelle internationale, utiliser le terme d'apartheid disqualifierait sans doute la diplomatie française dans son effort de médiation.