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Intervention de Arthur Delaporte

Séance en hémicycle du mercredi 3 mai 2023 à 15h00
Répression du mouvement social contre la réforme des retraites

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArthur Delaporte :

Pourtant, seule notre police est aussi répressive et lourdement armée. Comment pouvons-nous accepter que des grenades, considérées comme du matériel de guerre par le code de la sécurité intérieure, puissent être utilisées dans des manifestations ?

Selon les chiffres de la Chancellerie, du 16 au 25 mars – soit en un peu plus d'une semaine –, 1 346 personnes ont été placées en garde à vue, dont seulement 26 % ont été poursuivies par la justice. Ce chiffre est révélateur d'une idéologie politique que traduisent ces arrestations massives. Qu'il s'agisse du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, de pays étrangers ou d'associations de défense des droits de l'homme – lesquelles devraient être soutenues par le Gouvernement : rares sont les organisations internationales reconnues qui ne déplorent pas un usage disproportionné de la force et un détournement du droit lors de ces manifestations. Une fois n'est pas coutume, dans un rapport accablant, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté dénonce une « banalisation de l'enfermement » et relève que des agents « informent avoir eu pour consignes et ordres hiérarchiques d'interpeller sans distinction des individus se trouvant dans la rue […] à Paris ». Comment en sommes-nous arrivés là ?

Lorsque la force et la violence sont utilisées pour contenir un mouvement pacifique de contestation sociale, c'est le droit qui est attaqué – droit que vous avez éhontément détourné en invoquant des textes antiterroristes lors des déplacements du Président de la République. C'était le cas le 25 avril dans le Loir-et-Cher ou le 1er mai, à Paris, lorsque le préfet de police a voulu interdire la distribution de cartons rouges aux abords du Stade de France. Quant au préfet du Doubs, il a retiré son arrêté.

Lorsque, dans un second temps, je vous poserai ma question, je tordrai le cou à une idée reçue relative à la défense du monopole de la violence physique légitime, concept défini par Max Weber. Rappelons plutôt les propos du préfet Grimaud, qui disait simplement que « frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même ».

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