Quel dommage, car, sans la démocratie, on ne pourrait critiquer ni une décision du Conseil constitutionnel sans être accusé de s'attaquer aux institutions, ni appeler à la fin de la V
Quand la Macronie est une citadelle assiégée, elle restreint le champ du dicible et de l'audible et se dit : quel dommage d'être en démocratie. Oui, quel dommage car, autrement, vos arrêtés antimanifestations, plus guignolesques les uns que les autres, n'auraient pas été suspendus. Dans l'un d'eux, les casseroles sont qualifiées de « dispositifs sonores amplificateurs de son » et interdites au nom d'une loi antiterroriste. Dans l'autre, la distribution de sifflets devant le Stade de France est assimilée à un trouble à l'ordre public. Tant pis : Emmanuel Macron saluera les joueurs dans le vestiaire, les cartons rouges et les sifflets seront interdits aux abords du Stade et la télévision ne diffusera pas les images.
Avec vous, le dangereux frise le risible. Emmanuel Macron, orgueilleux et fuyard, redoute que l'on perçoive à l'étranger les marques de son impopularité. Voici donc venu le président du ridicule.
À présent, l'objectif suprême en Macronie est de sauver les apparences. La source du pouvoir est la croyance dans sa légitimité. Puisque plus personne ne croit en vous, il ne vous reste qu'à conserver péniblement l'illusion de gouverner. Depuis maintenant trois mois, il n'est plus question de sauver l'ordre public mais l'ordre établi. Pour cela, vous êtes prêts à tout, et vous vous dites : quel dommage d'être en démocratie. Interpellations préventives, gardes à vues abusives, violence du maintien de l'ordre, dissuasion de manifester à coups d'arrêtés illégaux, mensonges du ministre de l'intérieur et des outre-mer : jamais un gouvernement n'avait eu aussi peur du peuple.