Tout d'abord, si l'on considère le localisme dans son sens le plus restreint, qui renvoie à un mode de consommation, il est essentiel de rappeler qu'il ne constitue pas un levier d'amélioration de la durabilité environnementale des systèmes alimentaires. Sur le plan environnemental, ce n'est pas le transport lié à l'importation des produits lointains qui émet la plus grande partie des gaz à effet de serre du secteur agricole : c'est bien le mode, la technique de production qui en est responsable. Il faut donc en priorité, plutôt que de réduire le transport de nos produits consommés, moderniser les outils de production et favoriser la recherche et l'innovation, afin de réduire l'impact environnemental de l'exploitation des sols, de l'élevage et de l'industrie.
Au-delà de son faible impact sur le plan environnemental, cette distinction sur critère géographique serait fortement préjudiciable à l'agriculture française, par exemple, compte tenu du risque associé à des mesures de rétorsion commerciale des pays tiers. Rappelons que la France est le sixième exportateur mondial de produits agroalimentaires et le premier pays producteur agricole en Europe. La France, qui produit 17 % du marché européen, se place devant l'Allemagne et l'Italie. Les produits agricoles et alimentaires permettent de dégager le troisième ou quatrième excédent de notre balance commerciale selon les années. Le protectionnisme agricole serait donc une très mauvaise nouvelle pour nos agriculteurs, sans compter qu'il présenterait des difficultés du point de vue du droit européen, représentant une entrave injustifiée à la politique de concurrence.