L'économie capitaliste soumise à l'action combinée des forces de l'argent et des gouvernements libéraux conduit le monde à cette absurdité par laquelle une minorité fait sécession avec le reste de l'humanité. Une minorité d'ultrariches accapare les richesses et exige de produire toujours plus, au prix de l'exploitation des hommes et de la destruction des écosystèmes. Les travailleurs, les citoyens, l'humanité entière, sans distinction de croyance, de couleur de peau, de genre ou d'orientation sexuelle, sont livrés aux mêmes malheurs. Les seuls freins à la voracité de cette économie pour les riches sont les résistances des travailleurs, des militants syndicaux, des militants écologistes et des militants des droits de l'homme.
La pandémie de covid-19 a constitué la crise la plus globale de ce système transfrontalier. Elle a obligé les chantres du libéralisme à changer de discours. Je reviens sur cet événement car il sera, dans l'histoire des hommes, celui qui aura plus que tout autre unifié l'humanité, la rappelant à sa condition d'êtres vivants parmi d'autres êtres vivants, et d'êtres dépendants. Quand la pandémie a brisé les chaînes d'approvisionnement, quand elle a arrêté la production, ce sont les plus forts qui en ont tiré profit, sur le dos des autres. Rares alors ont été les solidarités entre puissances : rappelons cet épisode pathétique des masques commandés par la France et détournés par les États-Unis sur un tarmac chinois. Il a fallu cette pandémie pour que certains ici comprennent les dangers du système économique qui domine le monde.
Notre pays est malheureusement l'un des plus exposés à ces dangers, car l'un des plus dépendants de réseaux de production et d'approvisionnement dont nous n'avons pas le contrôle. En effet, parmi les grands pays industrialisés, la France a connu la désindustrialisation la plus marquée au cours des quarante dernières années. Les grandes entreprises françaises ont adopté des stratégies privilégiant l'investissement à l'étranger plutôt que l'exportation, ce qui s'est traduit par une division par deux de leur contribution à la balance commerciale nationale en pourcentage du PIB, passée de 4 % à 2 %. Au vu de ces éléments, il nous paraît crucial de questionner la globalisation, qui n'a d'autre motif que la réduction des coûts et qui récompense le moins-disant social et écologique. Nous devons la refuser dès lors que le bilan entre les bienfaits pour tous et le profit pour quelques-uns penche en faveur du second. Cependant, nous rejetons avec autant de force la pensée rabougrie qui prône la fermeture de l'économie sur elle-même et qui renonce de façon absurde à la coopération et à la complémentarité des économies.