Le rapport d'information sur le bilan de la dernière LPM met en avant de nombreux objectifs non atteints, ainsi que de nombreux manquements dommageables à nos armées. La pénurie de personnel, la pénurie de main-d'œuvre et le manque d'attractivité de la fonction ont été évoqués à de nombreuses reprises. Selon la Cour des comptes, de 2008 à 2019, le ministère des armées a perdu plus de 63 000 emplois, soit 20 % de ses effectifs, avec une incidence majeure sur les capacités opérationnelles des forces armées.
Voilà cependant que votre projet de LPM pour les années 2024 à 2030 prévoit d'investir dans de nouvelles capacités. On aurait pu dire bravo. Mais, à l'image de l'étude d'impact, ce n'est toujours pas satisfaisant : les dépenses ne sont pas fléchées, rien n'est clairement étudié et les parlementaires ne disposent d'aucune donnée. En gros, vous nous dites : on investit, on ne sait pas où, on ne sait pas pour qui, mais promis, ça va bien se passer. Merci, mais on repassera !
De la même manière, si le rapport d'information préconise « un effort significatif en faveur de la partie indiciaire » de la rémunération des militaires pour améliorer l'attractivité de la fonction, votre projet de loi ne prend à aucun moment en compte les conséquences de l'inflation. Vous ne cherchez pas à revaloriser les salaires ni les pensions ; pire encore, vous ne mentionnez même pas l'incidence de l'inflation sur les professions ou sur l'interopérabilité des armées.
Si je résume, vous faites fi des manquements que dénonce le rapport d'information et vous nous sortez un projet de LPM élaboré à la hâte, sans étude d'impact sincère, sans prise en compte de l'inflation ni fléchage des dépenses. Avez-vous choisi de manquer de sincérité envers les parlementaires sur l'emploi pour nos armées de 413 milliards d'euros ou prévoyez-vous déjà simplement, comme le craint le Conseil d'État, de ne pas atteindre vos objectifs ?