Pendant l'examen du projet de loi de programmation, nous devrons collectivement définir le bon équilibre entre ce que vous appelez le flux tendu et les stocks. À défaut, nous nous contredirons. Il est primordial de disposer de stocks stratégiques suffisants. Du fait de leur état critique, que vous pointez à raison, je vous ai proposé, à la fin de l'année 2022, de consacrer 1 milliard d'euros supplémentaire pour y remédier, un effort considérable.
Toutefois, puisque vous avez cité Bonaparte, l'industrie ne doit pas consacrer trop de temps à cette production. Il faut donc parvenir à un équilibre entre le stock critique, financé avec l'argent du contribuable, et ce qui doit relever de la commande, notamment parce que je ne désespère pas d'obtenir des occasions d'exportation dans ce domaine : nous devons donc faire preuve d'agilité. J'ai d'ailleurs transmis ce message à la base industrielle et technologie de la défense française.
Par ailleurs, nous devons donner de la visibilité. La LPM 2019-2025 prévoyait un financement de 9,2 milliards d'euros ; dans le projet de loi que je défendrai dans quelques jours, les crédits atteignent 16 milliards : l'effort est significatif. Il ne serait pas bon d'aller au-delà, puisqu'il faut maintenir un équilibre dans la capacité de production.
Encore faut-il que ladite production soit souveraine, c'est pourquoi j'ai annoncé une relocalisation pour créer une filière poudre française, notamment à Bergerac, avec l'entreprise Eurenco. L'urgence concerne d'abord les obus de 155 millimètres, comme on le voit en Ukraine. Une fois de plus, on en revient à l'opposition entre la masse et la cohérence : avoir le matériel, c'est bien ; avoir les munitions qui vont avec, c'est mieux. C'est aussi un gage de succès pour l'exportation de nos matériels. L'examen du projet de loi nous donnera l'occasion d'y revenir ; il intègre les conclusions des différents rapports afférents.