En 2018, nous vous avions dit qu'il fallait partir du besoin de nos armées, de nos objectifs, de nos ambitions opérationnelles pour construire la loi de programmation militaire 2019-2025. Vous nous aviez répondu : « 2 % du PIB ! », un indicateur artificiel destiné à obéir à M. Trump.
De fait, cette loi de programmation militaire n'a pas entièrement répondu aux besoins des armées : le rapport d'information de Yannick Chenevard et Laurent Jacobelli, dont nous débattons aujourd'hui, monsieur le ministre, le démontre.
Votre premier objectif affirmé était de construire une LPM « à hauteur d'homme ». Mais qu'avez-vous fait ? Aucun plan d'ampleur n'a été élaboré pour réformer le traitement indiciaire de nos soldats, votre seule action s'étant bornée à augmenter de 3,5 % le point d'indice, chiffre inférieur à l'inflation d'une seule année.
Le rapport d'information le dit : les militaires du rang sont réticents à devenir sous-officiers, car leur solde restera la même. Qu'avez-vous fait à ce sujet ? Rien, hormis inventer des primes qui n'entreront pas dans le calcul de la pension et qui seront fiscalisées. Pire, vous avez frappé les militaires avec votre réforme des retraites inique. Ce sont deux années de pension que vous volez à celles et ceux qui n'auront pas atteint les années de services suffisantes pour jouir d'une retraite immédiate. Ce n'est ni sérieux ni respectueux des militaires.
Les chiffres du recrutement apportent la preuve de cette situation. Alors que la LPM prévoyait 1 500 créations de postes entre 2019 et 2022, seuls deux tiers d'entre eux ont été pourvus. C'est donc tout l'équilibre de nos armées en matière de ressources humaines que vous mettez en péril par vos choix.
Votre deuxième objectif était de renforcer le lien entre la jeunesse et les armées. Qu'avez-vous fait ? Vous avez créé un dispositif coûteux et inutile : le SNU – service national universel. Massivement rejeté, il apparaît désormais comme un fiasco ! Mi-avril, la revue Politis révélait en effet des cas de racisme, de harcèlement et d'agression sexuelle. Plus récemment, nous apprenions que dix-sept jeunes étaient hospitalisés après une journée en montagne, sans qu'il n'y ait eu aucune réaction des autorités ministérielles de tutelle. La commission d'enquête que nous appelons de nos vœux devrait venir éclairer votre action, ou plutôt votre inaction.
Face au rejet populaire, Mme Sarah El Haïry a affirmé en direct à la télévision qu'Emmanuel Macron n'avait jamais voulu rendre le SNU obligatoire. Cela figurait pourtant dans son programme présidentiel et sur le site officiel du SNU jusqu'à ce matin, avant que cette mention ne soit supprimée à la hâte. Soit Mme El Haïry a menti, soit elle ne connaît pas ses dossiers.