, qui ne semblent plus fondées sur des besoins nationaux, ni même sur des réalités techniques, mais au contraire sur un agenda volontariste eurobéat. En matière de défense, nous devons avoir les intérêts de la nation comme seule boussole. Si une coopération ne profite plus à la France, alors c'est simple : nous devons en sortir.
Ce n'est pas le seul problème posé par la LPM. Une de ses grandes failles est l'attention portée aux femmes et aux hommes qui font don de leur vie à la nation. Oui, on peut constater de notables améliorations, mais nous pouvons disposer des meilleurs armements du monde, si nous n'avons personne pour les utiliser, ils serviront simplement à décorer nos entrepôts. Vous savez comme moi, monsieur le ministre, qu'un tiers des militaires du rang ne vont pas au bout de leur contrat et qu'un tiers d'entre eux refusent de le renouveler. Ce constat est terrible. Écoutons ce que ces militaires ont à nous dire.
Ils sont nombreux à évoquer un vrai sentiment de décrochage salarial vis-à-vis du monde civil. Les primes ne font pas tout. La part indiciaire, qui représente 70 % de la solde d'un militaire du rang et 55 % de celle des officiers généraux, n'est pas assez forte. De plus, certains passages au grade supérieur représentent une augmentation significative des responsabilités pour un gain financier très limité, ce qui revient à casser ce modèle unique de promotion interne dont nos armées étaient le modèle. Il devient donc urgent d'enfin mener une politique salariale ambitieuse, notamment par le biais de la revalorisation des indices. La fidélisation de nos troupes est probablement à ce prix.
Les militaires sont en outre parfois logés dans des conditions qui seraient jugées indignes dans le monde civil. Un quart seulement du parc immobilier du ministère des armées est en bon état. L'effort doit donc être poursuivi non seulement pour les bâtiments techniques, mais aussi pour la rénovation des bâtiments de vie. Il faut créer une enveloppe discrétionnaire allouée au chef de corps afin qu'il puisse faire effectuer les travaux de rénovation élémentaire rapidement, sans passer par des processus administratifs pesants et déresponsabilisants. Se laver à l'eau froide et coucher dans une chambre dont la vitre est cassée, nous ne l'accepterions pour personne, alors ne l'acceptons pas pour nos militaires.
Enfin, vous n'avez toujours pas résolu le problème du manque d'entraînement de nos forces. Les objectifs en matière de préparation opérationnelle ne sont globalement pas atteints. Quand la cause n'est pas un manque de personnel expérimenté, elle est souvent un manque de matériels. Certains systèmes tels que le Mirage 2000-D souffrent d'un faible taux de disponibilité, ce qui pénalise l'entraînement des pilotes.
En conclusion, nous faisons donc face à un double défi : achever la réparation de nos armées, qui n'a pu être accomplie complètement au cours de la période couverte par la LPM ; transformer nos forces pour être à la hauteur de nos ambitions et des menaces.
Oui, monsieur le ministre, même si l'exécution de la LPM n'est pas parfaite, il faut dire qu'elle est allée dans le bon sens : celui de la reconstruction de nos armées, trop longtemps considérées comme une variable d'ajustement des restrictions budgétaires. Il reste toutefois des problèmes structurels qui, s'ils ne sont pas réglés, feront de la prochaine LPM un catalogue de vœux pieux. Donc, chers collègues, pour la défense de notre pays, pour les forces armées, pour les hommes et les femmes qui les composent, au travail !