Après des décennies de sous-investissement, nous avons engagé un travail de réparation de nos armées, voilà déjà cinq ans. À l'heure du bilan de la loi de programmation militaire – LPM – 2019-2025, constatons ensemble que notre majorité a rompu avec ce qui était devenu une tradition : faire de la défense nationale une variable d'ajustement budgétaire.
Ce tour de passe-passe était devenu insupportable. Je me souviens encore des sceptiques – ici, dans ces rangs –, qui accusaient le gouvernement d'alors et le président Macron de ne pas être capables de tenir leurs engagements. Eh bien si : nous avons tenu le cap, alors que, depuis les années 1980, aucune trajectoire budgétaire n'avait été respectée. Entre 1990 et 2025, l'armée de l'air et de l'espace aura perdu 58,2 % de ses aéronefs ; alors qu'en 1997, la France pensait pouvoir mobiliser 50 000 militaires en cas de crise majeure, en 2014, le nombre de soldats déployés tombait à 15 000. Il serait trop long de citer l'ensemble des exemples de nature à illustrer mon propos. Mais il est important d'identifier d'où l'on vient avant d'engager l'examen de la LPM 2024-2030, celle de la transformation dans le contexte d'un bouleversement de plus en plus complexe du monde.
Au nom du groupe Démocrate, permettez-moi de rendre un hommage appuyé à l'action de Florence Parly, ancienne ministre des armées, à qui j'adresse une chaleureuse pensée, à Jean-Jacques Bridey et à Françoise Dumas, qui ont présidé la commission de la défense nationale et des forces armées avec un engagement sans faille, et à Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux anciens combattants qui, aujourd'hui encore, met ses nombreuses qualités au service de notre pays. Je les salue pour les résultats obtenus et pour l'état d'esprit constructif dans lequel nous avons travaillé ensemble. J'associe, bien entendu, tous les députés de différents bords qui ont également contribué à ce que l'intérêt général soit pris en considération.
La LPM 2019-2025 a confirmé que notre force de dissuasion était la clé de voûte de notre système de défense et a mieux pris en compte les équipements de nos armées. Nous avons accompli d'importants efforts dans les domaines du renseignement et du cyber, tout en lançant des programmes adaptés aux nouvelles menaces. Cela s'est traduit par l'engagement d'un peu moins de 300 milliards d'euros durant cette période.
Nous avons également su nous montrer agiles, en nous adaptant aux évolutions nécessaires. Ainsi, autour de 1 milliard d'euros par an ont été consacrés à des ajustements. Citons la transformation de l'armée de l'air en armée de l'air et de l'espace ou encore la généralisation des stratégies hybrides et la lutte antidrones.
Cette LPM était bien celle de la réparation. Je ne vous dirai pas que tout a été réalisé. C'est pour aller encore plus loin et pour répondre au changement d'environnement stratégique que le Président de la République a décidé d'engager la prochaine LPM dans une nouvelle étape, dont l'échéance est fixée à 2030.
Enfin, j'insiste sur deux points pour aborder la transition vers la LPM de transformation à venir. Pour honorer nos contrats opérationnels, nous devons disposer de soldats suffisamment nombreux, formés et équipés. Mais nous devons aussi répondre à un enjeu majeur, celui de la fidélisation.
Nous savons que les militaires veulent avant tout servir la France. Nous les en remercions. Mais lorsqu'elle exprime sa reconnaissance, la nation doit envisager de consentir un effort significatif en leur direction, car nous notons un décrochage des salaires par rapport au monde civil. C'est pourquoi le groupe Démocrate appelle l'attention du Gouvernement à cet égard.
Mon dernier point porte sur le bilan du premier plan « famille ». Ce plan a permis de réaliser de sérieux progrès dans les services apportés. Nous savons à quel point le ministre Lecornu a souhaité conforter le travail conduit, en le prolongeant dans le plan « famille 2 » avec, à la clé, 750 millions. Le groupe Démocrate apporte tout son soutien à la conduite de ce programme.
Toutefois, certaines mesures doivent être approfondies, notamment celles relatives à l'accompagnement des conjoints. En effet, si nous recrutons des soldats, ce sont bien les familles qui s'engagent. La sujétion militaire a des conséquences sur la carrière des conjoints, sur leur pension de retraite, tout comme sur leur protection sociale, dans certains cas de mobilité.
C'est très sympathique de votre part de bavarder avec le ministre pendant que je m'exprime, cher collègue, d'autant que je suis en train de l'interpeller…