En mai 1968, le préfet de police de Paris Maurice Grimaud a écrit aux policiers : « Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même ». Autres temps, autres mœurs… Par rapport aux dernières semaines, Mai 68 laisse le souvenir de manifestations massives, dont les dégâts humains resteront bien moindres que ceux de ces dernières semaines, alors que les dégâts matériels furent bien plus importants.
Votre doctrine de maintien de l'ordre a changé. Lors des premières manifestations contre la loi sur les retraites, les gardiens de la paix ont assuré leur service avec discernement et modération. Leur présence en marge des cortèges en assurait le bon déroulement logistique, montrant ainsi que le maintien de l'ordre et la liberté de manifester peuvent cohabiter pacifiquement. Que s'est-il passé pour que le ministre de la police dérive vers un schéma de maintien de l'ordre où l'utilisation d'armes de guerre et d'engins mutilants devient la norme, créant le chaos et mettant en danger les policiers comme les manifestants ? Combien de vies humaines, de policiers comme de manifestants, êtes-vous prêts à risquer pour des poubelles ou des trous dans la terre ?
Vous détenez les clés de l'escalade ou de la désescalade. Quel bénéfice politique espérez-vous tirer de cette mise en confrontation déraisonnable de nos concitoyens, policiers et manifestants ? Quels intérêts votre gouvernement a-t-il à défendre pour que vous adoptiez des stratégies de confrontation potentiellement létales, dénoncées par toutes les organisations internationales de défense des droits de l'homme ?