Nous devons nous prononcer sur un projet d'accord qui vise à effectuer des travaux sur les routes reliant la France à l'Andorre. Or, hier, nous apprenions que la France avait réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 2,5 % en 2022, un chiffre évidemment en trompe-l'œil. La communauté scientifique s'accorde à dire que cette réduction est très conjoncturelle. Comment aller plus loin dans la réponse à l'urgence climatique ? Il n'y a pas de solution magique. Il faut mesurer systématiquement l'impact des politiques publiques sur l'environnement et tenter de les réduire autant que possible.
À cet égard, le rapport et l'étude d'impact révèlent notre retard. Les routes dont il est question traversent les zones montagneuses, où nous savons que résident des espèces protégées. Or le rapport sur lequel nous devons nous prononcer se cantonne à une aimable pétition de principe selon laquelle il faudra « éviter, réduire et, le cas échéant, compenser l'impact du projet lors de sa mise en œuvre ». Rien ne nous est dit quant aux mesures compensatoires prévues. Plus préoccupant, l'étude d'impact reconnaît l'impossibilité de prévoir l'impact environnemental du projet.
Dès lors, pourquoi vouloir effectuer les travaux au plus vite ? Parce qu'il s'agit de favoriser la pratique des sports d'hiver dans la région ? Parce qu'il faut faciliter les trajets des personnalités qui y résident pour profiter des conditions fiscales avantageuses de la Principauté d'Andorre ? Parce que le maire de Prades, ancien premier ministre, met tout son poids dans la balance ?
Aucune urgence – si ce n'est l'exigence de rénovation de l'ensemble de nos infrastructures routières – ne justifie le vote d'un projet sans une étude d'impact éclairant notre réflexion. En l'absence d'éléments nous permettant de décider en conscience, notre groupe s'abstiendra.