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Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 11 avril 2023 à 15h00
Jeux olympiques et paralympiques de 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Avant de donner les raisons de mon opposition et de celle de mon groupe à cette loi olympique, je souhaitais dire d'où je parle, comme on dit.

Tout d'abord, je parle de ma circonscription d'élection, la première de Seine-Saint-Denis, qui concentrera une part importante des activités olympiques. S'y trouveront le village olympique, qui se situera sur les communes de Saint-Denis, de L'Île-Saint-Denis et de Saint-Ouen, le Stade de France, ou encore le Centre aquatique olympique.

Je parle ensuite, et surtout, fort de mon activité professionnelle passée, qui m'a amené à travailler dans le cadre des Jeux d'Athènes, de Pékin et de Londres.

C'est d'ailleurs parce que je les connais bien que je tiens à dire aujourd'hui que je ne rejette pas les Jeux olympiques et paralympiques par principe. Je témoigne que les Jeux olympiques et paralympiques constituent indéniablement une grande fête sportive et populaire, souvent fraternelle, tant sur les sites sportifs que dans les tribunes. C'est aussi l'occasion, une fois tous les quatre ans, de mettre en avant des disciplines et des sportifs qui, le reste du temps, vivent dans l'indifférence médiatique, avec les conséquences que l'on imagine sur leur pratique de masse.

Cependant, j'observe aussi que, postérieurement, les Jeux olympiques et paralympiques ont eu un bilan négatif dans plusieurs des pays qui les ont accueillis. Ce fut notamment le cas de la Grèce, du Brésil et évidemment du Japon, qui a organisé les JO en pleine crise du covid-19. La démesure prise par ces événements, la rigueur du cahier des charges du CIO – sous la contrainte de sponsors qui sont autant de multinationales –, ainsi que le gonflement des budgets nécessaires, ont laissé bien des plaies pour les habitants des villes hôtes.

Récemment, des athlètes reconnus se sont aussi interrogés sur l'empreinte carbone de telles épreuves à l'heure de l'urgence environnementale. Je pense à Nikola Karabatic qui, le 18 septembre dernier sur France Inter, a appelé à changer de modèle, et à passer toutes les organisations d'épreuves sportives au crible d'un fair-play écologique.

Ces inquiétudes, je les partage également à propos des Jeux de Paris de 2024. Je les évoque non pour remettre en cause leur existence, car ils auront lieu, mais parce qu'il est encore possible d'influer sur leur organisation, leur déroulement et leur héritage. Les points d'alerte sont nombreux et ce texte, c'est tout le problème, les aggrave.

La première alerte concerne la dimension sécuritaire. C'est l'une des caractéristiques des JO modernes que d'imposer un dispositif policier toujours plus important autour des sites sportifs et des différents villages, à tel point que les populations résidentes sont privées d'accès à des zones de vie qui font pourtant partie de leur quotidien. À cet égard, ce qui s'est déroulé lors de la finale de la Ligue des champions de football en mai dernier autour du Stade de France, et bien que le rapport impute principalement les responsabilités à l'organisation, n'a fait que renforcer ce climat sécuritaire, au point de proposer des innovations et des expérimentations inquiétantes en matière de libertés publiques.

La légalisation de la surveillance de masse, grâce à l'association de la vidéosurveillance et de traitements algorithmiques, constitue une nouvelle étape inquiétante de la surveillance généralisée des populations, sachant que d'autres mesures d'exception s'y ajouteront, avec notamment l'établissement d'une longue liste de délits qui feront l'objet d'aggravations de peines s'ils sont commis dans les enceintes sportives.

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