Contrairement à ce que j'ai entendu, l'héritage ne peut pas faire fuir ceux qui réussissent. Il profite à ceux qui ont un droit de naissance, ce qui n'a rien à voir avec un droit de capacité.
L'héritage est une forme de revenu très inégalement distribué et dont le caractère inégalitaire s'accentue depuis plusieurs décennies. Les 0,1 % de Français les plus aisés toucheront, tout au long de leur vie, sous différentes formes, jusqu'à 13 millions d'euros d'héritage au total, soit 180 fois l'héritage médian. Pendant ce temps, deux tiers des Français héritent de moins de 30 000 euros, et un tiers n'hérite de rien. Il est faux de dire que l'héritage est le carburant d'un investissement, ou d'un projet entrepreneurial : il est trop aléatoire. D'ailleurs, il serait peu joyeux de fonder son projet sur la perte d'un proche.
Vous refusez d'ouvrir des aides avant 25 ans au motif que les parents doivent venir en aide à leurs enfants. Bref, pour vous, le droit au secours des jeunes n'est pas automatique, il ne dépend même pas de leur travail, mais des revenus de leurs parents. Vous recréez tout simplement une société de classe. Quand votre argument entrepreneurial pour défendre l'héritage tombe, il ne reste que votre souci de protéger les rentiers, les seuls qui, pour vous, ont le droit à la paresse et à l'oisiveté.