Il faut le repréciser : sur le site du Gouvernement, au 2 novembre 2021, Jean Castex a annoncé 400 000 CEJ.
Je connais bien les missions locales, que j'ai auditionnées à de nombreuses reprises en tant que rapporteure spéciale pour le Sénat des crédits de la mission Travail et emploi. Je n'ai donc aucunement l'intention de les attaquer. Ce sont de bons outils. Souvent soutenues par les collectivités locales, elles sont confrontées aux baisses de dotations, comme c'est le cas dans ma région d'Île-de-France en raison de la politique de Mme Pécresse. Pour certains professionnels, toutefois, l'obligation d'accomplir quinze à vingt heures, s'agissant de jeunes très en retrait, nuit au lien que les conseillers créent avec eux. Cette réalité ne correspond pas au projet lancé dans les années 1980 par Bertrand Schwartz, qui reposait sur l'accompagnement global du jeune et qui a fait ses preuves. Nous devons aider et soutenir les missions locales.
Le dispositif de Lyon ne concurrence donc nullement le CEJ. Il vient aider des jeunes qui seraient, par exemple, en attente d'un CEJ ou d'autres aides, en leur donnant, comme le ferait le RSA, la certitude d'avoir un droit. De fait, les autres dispositifs ne sont pas des droits pour les jeunes : il faut y avoir accès. Et pour cela, il faut aller à la mission locale, qui peut être un peu éloignée, ou auprès de Pôle emploi, ce qui peut être difficile, ou encore il faut lever ses propres freins...
En outre, ces dispositifs sont insuffisamment dotés pour répondre à tous les besoins. Alors que plus d'un million de jeunes pourraient relever du CEJ, seuls 200 000 à 300 000 en bénéficient. Les autres, on les retrouve dans les statistiques de la pauvreté. Dans les faits, certains dorment dehors. Allons-nous nous contenter de perpétuer ces dispositifs ?
Supprimer l'article 1er sans proposer rien d'autre que les dispositifs qui existent déjà et dont on connaît l'insuffisance n'est pas responsable. Il faut trouver les voies pour remédier à la situation que connaît aujourd'hui notre jeunesse.