J'ai écrit un texte, que j'aimerais vous lire, si vous le permettez.
« Lorsque, du jour au lendemain, s'abat sur vous une vague d'accusations sans discernement, de condamnation publique avec présomption de culpabilité, d'insinuations trompeuses, mais répétées et reprises en boucle comme pour tenter de leur donner de la crédibilité et même pour en faire une vérité ; quand, du jour au lendemain, vous recevez des messages haineux invoquant vos origines ; lorsque l'on ironise sur votre disgrâce pour faire de bons mots, à la radio notamment, que l'on réduit à néant, après l'avoir foulée aux pieds, toute votre carrière professionnelle – parce qu'aujourd'hui, mesdames et messieurs, je ne suis plus rien –, que cette déferlante fait fuir presque tous ceux qui, hier, vous côtoyaient ou se disaient vos amis ; lorsque la chaîne qui vous emploie depuis dix-huit ans en profite pour vous jeter en pâture à la vindicte de vos confrères journalistes et aussi du public, quitte à alimenter la tempête médiatique par des affirmations infondées, des annonces de sanctions illégitimes et une plainte arbitraire, tout cela pour détourner l'attention et dans l'espoir de ne pas être trop éclaboussé par ce pseudo-scandale monté en épingle – j'irai même plus loin : pour se refaire une virginité sur mon dos – ; lorsque tout cela vous tombe dessus brusquement, de manière aussi implacable, la tentation est forte, et même très forte, de vous recroqueviller sur vous-même, de baisser la tête, de vous faire tout petit et, surtout, de ne rien dire ou faire qui puisse à nouveau attirer sur vous l'attention ou l'opprobre.
Jusqu'à aujourd'hui, je me suis donc tu, même si j'ai lu certains articles qui prétendaient parfois me citer en m'attribuant des propos que je n'avais pourtant jamais tenus – en prétendant, au passage, que j'avais reconnu mes fautes, alors qu'il n'en était rien. Je me suis tu parce que j'étais effaré, profondément choqué par la violence et l'injustice que je subissais. Et sans doute plus encore par le mal qu'elle causait à mes proches, que j'aurais voulu protéger contre tant de malveillance.
Alors je vous remercie, monsieur le président, madame la rapporteure, madame et messieurs les députés, je vous remercie, même si j'ai bien conscience que ce n'était pas l'objet de ma convocation, de m'avoir permis, à l'occasion de cette audition, d'être entendu pour la première fois.
Je ne sais pas si, en fin de compte, vous vous souviendrez de ce moment. Moi, en tout cas, je ne l'oublierai pas. »