Comme je vous l'ai précisé, j'ai agi en totale transparence. J'ai également insisté sur le fait que tout était écrit et que c'est moi qui rédigeais mes textes. Certains n'écrivaient pas et découvraient leur texte sur un prompteur. Ce n'était pas mon cas. J'écrivais tout, à la virgule près, car le journal de la nuit était rediffusé plusieurs fois jusqu'à quatre heures trente et la reprise du direct. Je précise que ce journal est le seul programme de BFM TV qui soit ainsi rediffusé. J'écrivais mes textes à la virgule près car cela permettait à ma cheffe d'édition de se livrer à des calculs très précis pour que la fin des rediffusions corresponde, à la seconde près, à la reprise du direct. Mes textes étaient donc achevés très en avance. En général, l'écriture de la presque totalité de mon journal était bouclée une heure ou une heure trente avant mon passage à l'antenne. Ce travail en amont concernait toutes les informations qui n'allaient plus évoluer avant la diffusion du journal. En revanche, pour certaines autres, comme le compte rendu d'un match de football se terminant à vingt-trois heures environ – dont je ne pouvais pas connaître le résultat –, ce n'était pas possible. En outre, le logiciel sur lequel les journalistes de BFM TV travaillent – mais aussi ceux d'autres rédactions – est disponible et accessible à tous. Tout le monde pouvait donc, en deux clics, connaître la teneur du journal, ce qui était écrit précisément et ce qui allait être dit à l'antenne. Un processus de validation de chaque mot par la hiérarchie n'a jamais existé. Nous discutions des sujets, de leur importance et de leur hiérarchie. Par exemple, faut-il donner la priorité à l'entretien accordé par le Président de la République ou à d'éventuelles nouvelles manifestations ? Faut-il privilégier cette interview ou les réactions qu'elle suscite ? Cela faisait l'objet de discussions mais qui ne concernaient ni la façon de traiter les sujets ni le contenu d'autres éléments du journal, jugés de moindre importance.