Autre exemple d'inertie : la tribune publiée dans Valeurs actuelles et dénigrant la Croix-Rouge internationale est toujours en ligne et très facile à trouver. Ainsi, lorsqu'on souhaite se renseigner sur le travail de Croix-Rouge internationale au Burkina Faso, on tombe très vite sur cet article selon lequel cette organisation est une sorte de cheval de Troie du terrorisme djihadiste.
Pour prolonger l'analyse que vient de faire Sandrine Rigaud sur la confusion entre journalistes et chercheurs, je rappelle qu'on trouve aussi désormais des « polémistes », c'est-à-dire des personnes dont le travail est de faire des polémiques, et des « essayistes », dont certains sont authentiques et d'autres revêtus de ce titre sans qu'on sache trop à qui on a affaire. Du reste, lorsque des gens peuvent passer à longueur de journée d'un média, d'un site web et d'une tribune à l'autre, on peut se demander à quel moment ils travaillent, de quoi ils vivent et d'où vient leur argent. Certains think tanks, cercles de réflexion ou centres de recherche se limitent parfois à un compte Twitter, une personne et un numéro de téléphone. Ce sont là, comme on l'a vu également lors de la crise du covid, des façons d'influencer le débat public qu'il est très facile de mettre en place en tirant profit de l'écosystème de l'information continue et des réseaux sociaux, au détriment des vrais experts, des reporters et des spécialistes qui vont chercher l'information, la recoupent et la vérifient.