Plusieurs paramètres permettent d'expliquer la forte présence d'entreprises israéliennes dans nos enquêtes.
Le premier, vous l'avez évoqué, c'est l'excellence en matière numérique. On surnomme Israël la « start-up nation ». C'est un pan très important de l'économie.
Le deuxième, c'est une culture militaire et une culture du renseignement. Beaucoup d'Israéliens font un service militaire, et beaucoup sont passés par les services de renseignement : on pourrait citer l'unité Shmone-Matayim, souvent appelée « unité 8 200 », qui emploie souvent de très bons cerveaux, lesquels, parfois, créent ensuite leur start-up. Cette culture du secret et de l'organisation militaire renvoie à un savoir-faire qui peut jouer un rôle. La durée du service militaire est de trois ans pour les hommes et de deux ans pour les femmes : cela peut former l'esprit.
Le troisième, qui appelle un parallèle avec les États-Unis, c'est qu'Israël est un pays de migrants. Des Juifs du monde entier sont venus s'installer ici, et les gens ont très souvent deux cultures : ils parlent parfaitement, sans aucun accent, la langue de leur pays d'origine – l'anglais, le français, le russe, le roumain, l'espagnol… Toutes les langues du monde sont représentées. Cela rend facile d'écrire, de faire passer des messages, de passer pour quelqu'un de ce pays d'origine – que vous êtes au demeurant. Pour diffuser des fake news, vous pouvez plus facilement vous créer une fausse identité.
Le dernier, c'est qu'Israël est un pays qui doit se battre sur plusieurs fronts : un front militaire et sécuritaire, mais aussi un front en matière de réputation. Depuis longtemps, les Israéliens doivent justifier et défendre leur existence même – qui n'est toujours pas une évidence. Il y a ici une vraie culture de ce que l'on appelle en hébreu la hasbara, c'est-à-dire l'explication, l'argumentation, la capacité à faire passer des messages. C'est un élément central de la culture des élites israéliennes. Eux parlent de « diplomatie publique », d'autres parlent de propagande : tout dépend de quel point de vue on se place.