Les menaces qui pèsent sur les journalistes sont multiples. Nous travaillons beaucoup avec des journalistes latino-américains, qui subissent souvent des menaces physiques. Les campagnes de dénigrement en ligne et la violence des réseaux sociaux constituent bien une menace. L'analyse des données rassemblées par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) depuis 2017 montre qu'un journaliste assassiné sur quatre avait fait l'objet d'une campagne de harcèlement. Ce n'est pas toujours lié, mais ces campagnes alimentent une haine dans la vraie vie.
On sait que les assassins de Gauri Lankesh, qui enquêtait sur le nationalisme et l'extrême droite en Inde, ont fait l'objet d'un lavage de cerveau : on leur a passé en boucle des vidéos YouTube, montées, de Gauri Lankesh, pour leur faire croire qu'elle était ennemie de la religion.
Beaucoup des journalistes de Forbidden Stories travaillent dans des pays où ils peuvent accomplir librement leur mission – c'est le principe même du consortium : des journalistes d'Europe ou d'Amérique du Nord peuvent aider d'autres journalistes qui sont dans des zones plus compliquées. Certains de nos collègues ont été attaqués sur les réseaux sociaux, par exemple en Inde, à la suite de la publication des enquêtes Story Killers. Nous restons très vigilants.
Nous avons publié une enquête sur Ghada Oueiss, journaliste libanaise très violemment attaquée par des trolls et des influenceuses américaines financés par l'Arabie saoudite. Cela montre que ces phénomènes sont mondiaux.
Les journalistes ne sont bien sûr pas les seules victimes de campagnes de dénigrement : des militants, des droits de l'homme, notamment, et des opposants politiques sont concernés. Et cette violence en ligne a des conséquences bien réelles.