Comme mon excellent collègue Jean-Luc Fugit l'a indiqué dans son propos liminaire, il reste encore beaucoup à faire dans notre pays pour promouvoir et faire vivre une culture scientifique large et de qualité. On connaît l'importance des apprentissages fondamentaux en mathématiques et les difficultés que nous rencontrons dans ce domaine, mais j'aimerais vous interroger, madame la ministre, sur la culture scientifique dans l'enseignement supérieur.
Ce qui entrave la maîtrise d'une culture scientifique en France, c'est que l'étude des sciences n'y est pas populaire au sens propre. Lorsque l'on étudie les sciences en France, on le fait dans le cadre élitiste de la classe préparatoire, c'est-à-dire à un niveau d'excellence. Plus de 53 % des élèves des classes préparatoires suivent des enseignements scientifiques. Ainsi se renforce ce préjugé qu'en dehors de la voie royale, celle des classes préparatoires, il n'y aurait finalement pas grand intérêt à étudier les sciences. Le faire à l'université serait donc devenu un choix par défaut.
Quel levier pourrions-nous activer à l'université et plus globalement dans les formations non sélectives scientifiques pour les rendre plus attractives ? Comment changer l'image d'une formation vue comme au rabais en comparaison avec les prestigieuses classes préparatoires scientifiques ?
J'en viens à la place des filles dans les sciences, sujet que nous avons abordé lors d'une table ronde organisée à la commission des affaires culturelles et de l'éducation, il y a quelques mois. Alors qu'elles sont identifiées par toutes les études comme meilleures élèves que les garçons, les filles s'autocensurent et délaissent les filières scientifiques d'excellence. C'est pourtant par leur intermédiaire que pourrait s'opérer la démocratisation de l'apprentissage des sciences. Comment venir à bout du préjugé selon lequel les filles seraient de mauvaises scientifiques et garantir ainsi une culture scientifique touchant le plus grand nombre ?