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Intervention de Mickaël Bouloux

Séance en hémicycle du mercredi 5 avril 2023 à 21h30
Contrer le recul de la culture scientifique à l'école au sein de l'État et dans nos politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMickaël Bouloux :

Elle s'observe de façon générale, mais varie selon les genres et les catégories sociales. Autrement dit, la politique des années Macron en matière d'éducation scientifique a renforcé toutes les inégalités.

La rentrée scolaire 2022 a été marquée par une pénurie d'enseignants sans précédent. Dans les mathématiques, en particulier, le nombre de candidats aux épreuves du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes) a fondu de 30 % entre 2010 et 2020, et la tendance est loin de s'inverser. Entre 2021 et 2022, le nombre de postes non pourvus de professeurs de mathématiques a été multiplié par trois dans les collèges et les lycées, pour atteindre 17 %. La situation est aujourd'hui dramatique. En physique-chimie, les postes non pourvus sont passés de 8 % en 2021 à 33 % en 2022. La pénurie criante de professeurs de sciences s'explique en grande partie par le niveau trop faible de leur rémunération – ce sujet a fait l'objet d'un débat cet après-midi. Et ce ne sont pas les rustines apportées à coup de primes, en contrepartie d'exigences souvent indécentes, qui vont relancer l'attractivité de la profession.

La situation est préoccupante non seulement du point de vue du recrutement des professeurs, mais aussi du point de vue des résultats de nos élèves. Selon les dernières enquêtes internationales, les élèves français du primaire et du collège sont classés en dernière position des pays de l'Union européenne et en avant-dernière position des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). On ne peut évidemment pas se satisfaire de cette situation.

Nombreux sont ceux qui l'ont dit avant moi, les élèves aujourd'hui scolarisés en classe de première n'étudient plus du tout les mathématiques. Seul un enseignement scientifique général, mêlant sciences physiques et SVT, leur est dispensé. Il semble que l'actuel ministre de l'éducation nationale se soit aperçu du désastre provoqué par la politique de son prédécesseur – on peut en tout cas l'espérer –, mais il est difficile d'être optimiste quant à la manière dont cette classe d'âge, qui a également pâti de la pandémie de covid-19, pourra combler ses lacunes.

Au sujet de ce champ de ruines hérité des années Blanquer, soulignons que le recul de la culture scientifique a renforcé les inégalités entre les filles et les garçons et entre les classes sociales. Alors que le pourcentage des filles inscrites dans un cursus scientifique en classe de terminale était en progression constante depuis 1995, jusqu'à atteindre 48 % en 2017, il a dégringolé depuis la réforme du bac engagée par Jean-Michel Blanquer. En 2021, les filles n'étaient plus que 39 % à avoir choisi les mathématiques. Entre 2017 et 2021, c'est-à-dire en quatre ans seulement, l'enseignement scientifique des filles a perdu dix points. Enfin, l'écart se creuse selon l'origine sociale, singulièrement dans les matières scientifiques. À titre d'exemple – un exemple significatif –, les familles les plus favorisées peuvent se permettre d'offrir à leurs enfants des cours de soutien scolaire. Or les mathématiques sont la matière la plus demandée – elles représentent environ 75 % des demandes.

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