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Intervention de Alexandre Sabatou

Séance en hémicycle du mercredi 5 avril 2023 à 21h30
Contrer le recul de la culture scientifique à l'école au sein de l'État et dans nos politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Sabatou :

Le manque de connaissances scientifiques en France est le résultat de l'abandon de son enseignement. La gauche a été son fossoyeur, à coups de réformes qui, sous couvert d'égalité des chances, ont saboté le principe même de l'institution en procédant à un nivellement par le bas dont les sciences ont été les premières victimes. La méritocratie, qui faisait la gloire de la IIIe République, a disparu au profit de la médiocratie.

À la fierté de s'extraire de sa condition par l'excellence, nos dirigeants ont préféré l'égalité dans l'ignorance. Résultat : en 2019, au niveau mondial, les élèves français de CM1 ont obtenu en mathématiques le score le plus bas de l'Union européenne – quarante-deux points en dessous de la moyenne – au classement Timss (Tendances dans l'étude des mathématiques et des sciences). Si nous restons le deuxième pays au monde en nombre de médailles Fields reçues par nos mathématiciens, c'est grâce au parcours d'excellence que représentent les classes préparatoires et les écoles d'ingénieurs, même si une remise à niveau des élèves y est nécessaire, tant le niveau en terminale a baissé.

Lorsqu'un édifice vacille, il faut toujours revenir à ses fondations – en l'occurrence, à l'éducation nationale. L'école est la base, le socle de la connaissance d'une société ; elle doit être la première étape de notre sursaut. Il faut revenir à une école intemporelle qui se préserve des vices de l'époque, à une école des savoirs fondamentaux qui doit accorder assez d'heures à la transmission des savoirs tout en se préservant des querelles de la société. Elle doit former des esprits critiques, libérés des superstitions en tout genre que veulent imposer les religions et les mouvances comme le wokisme, qui infestent déjà nos universités.

Cet effondrement se poursuit avec Emmanuel Macron, qui ne prend pas la mesure du problème. J'en veux pour preuve la réforme du lycée général défendue par Jean-Michel Blanquer, qui a entraîné la diminution du nombre d'élèves à profil scientifique de 25 % entre 2019 et 2021, ainsi qu'une chute de la proportion de filles en spécialité mathématiques, laquelle est passée de 47 % à 40 % sur la même période, revenant au niveau d'il y a trente ans.

Alors que nous avions besoin de 50 000 nouveaux ingénieurs en 2021, seulement 43 000 ont été formés. Pire, une partie des ingénieurs que nous formons s'expatrie vers des contrées où les perspectives de carrière et de rémunération sont bien plus attractives qu'en France. Ils sont tellement nombreux en Californie que l'on s'y réfère en parlant de french mafia. Ceux qui inventent et développent les nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle sont français ; leurs études ont été payées par le contribuable français, mais ce sont les Américains qui en récoltent les bénéfices.

La France prend un terrible retard sur les autres nations. La recherche et l'industrie française vont pâtir de l'effondrement du nombre d'étudiants en sciences. Le rôle de l'État est d'orienter ses enfants vers les métiers utiles pour le bien commun. Nous avons plus besoin d'ingénieurs que d'employés du tertiaire qui font des PowerPoint chez McKinsey !

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