Puisqu'elle nous protège, nous devons aussi la protéger. C'est l'une des grandes ambitions de la loi dont nous parlons ce soir. Pendant de trop nombreuses années, la laïcité n'a pas été suffisamment défendue et ses défenseurs n'ont pas été assez entendus. Hélas, elle est toujours frontalement attaquée par les prêcheurs de haine, accompagnés régulièrement, ici et là, de quelques idiots utiles qui ont visiblement oublié ce qu'est l'universalisme républicain.
La remise en cause de la laïcité prend moins souvent la forme d'une contestation frontale que celle d'une édulcoration sournoise – c'est peut-être le plus inquiétant. Les adjectifs dont certains affublent le mot de laïcité – laquelle devrait être « ouverte », « inclusive » ou « positive » – sont des parasites qui, telle une tique, ne se fixent sur ce substantif que pour mieux le vider de sa propre substance.
Depuis des années, les accommodements, les renoncements, les petites et les grandes lâchetés, et les aveuglements volontaires se sont accumulés dans l'espoir mortifère d'acheter soit la paix sociale, soit des clientèles électorales et souvent les deux. Le résultat de ce lâche et coupable aveuglement est sous nos yeux : la montée des communautarismes et des séparatismes, l'essor alarmant des fondamentalismes et l'émergence, au cœur même de la communauté nationale, de véritables projets de contre-société intégriste.