Pour réunir les fonds, ils doivent chercher des subventions auprès de la mairie, vendre des gâteaux, des calendriers ou des mugs décorés par les élèves, organiser des lotos, des tombolas ou des spectacles. Et puis il y a le séjour lui-même, qui représente 15 à 17 heures de travail par jour, mercredi compris, soit au bas mot 50 heures supplémentaires pour une semaine, sans compter les nuits.
Votre collègue Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et du service national universel, a elle-même reconnu le caractère essentiel de ces projets, soutenus par les élus locaux, « les premiers bâtisseurs de la citoyenneté ». Alors les classes de découverte sont-elles prises en compte dans votre pacte ? Eh bien non ! Mais ne vous donnez pas la peine de les y ajouter : votre pacte, de toute façon, personne n'en veut.
Bien que, d'une certaine manière, nous l'ayons déjà abordé, venons-en au sujet du jour : la revalorisation des enseignants. Il n'est guère besoin de chiffres pour souligner qu'elle est plus que nécessaire, et vous avez reconnu vous-même hier le « glissement » du salaire des enseignants intervenu depuis plusieurs dizaines d'années – façon bien édulcorée de reconnaître le décrochage salarial ahurissant de cette profession, si essentielle à la République. Je veux citer quelques chiffres pour en démontrer l'ampleur.
Le premier est très parlant : aujourd'hui, un professeur de vingt-cinq ans d'ancienneté perçoit un salaire inférieur de 25 % à celui qu'il percevait il y a vingt-cinq ans. Un deuxième ? En 1980, un professeur commençait sa carrière avec un salaire représentant 2,4 fois le Smic, contre 1,2 fois le Smic aujourd'hui. Le « pouvoir d'achat » des enseignants, comme vous dites, a été divisé par deux en quarante ans ! Enfin, un dernier chiffre pour la route : si le salaire des enseignants avait évolué parallèlement au Smic – dont, soit dit en passant, nous nous évertuons à vous dire qu'il n'augmente pas suffisamment –, les enseignants débuteraient aujourd'hui leur carrière avec un salaire de 3 112 euros nets, et non de 1 680 euros nets ; de même, leur salaire moyen ne serait pas de 2 596 euros nets, mais de 4 808 euros nets !
Parmi les enseignants, certains sont bien moins lotis encore : ce sont les enseignants du premier degré. Il y a trente ans, les instituteurs et les institutrices sont devenus professeurs des écoles. Ils y ont certes gagné en salaire, mais pas en reconnaissance, et n'oublions pas ce qu'ils ont perdu : entre autres, le logement de fonction, la formation longue et la retraite à 55 ans. Ces enseignants ont ainsi perdu cinq ans de retraite, puis sept, et maintenant neuf si votre gouvernement s'obstine à appliquer son inutile et injuste réforme.