Chaque année depuis 2017, un millier de professeurs manquent à l'appel et 1 100 postes restent vacants à l'issue des concours de l'enseignement. La tendance semble s'accélérer, malgré les efforts engagés par le ministère de l'éducation nationale. En juillet 2022, sur les 27 300 postes ouverts, 4 000 étaient restés vacants, dont 2 267 dans le secondaire. Malgré le recrutement de 4 500 contractuels pour la rentrée 2022, nous n'avons pas pu commencer l'année avec un enseignant dans chaque classe. Nous assistons bel et bien à une crise des vocations, qui est avant tout une crise de l'attractivité du métier d'enseignant. Comment expliquer qu'entre 1999 et 2021, les candidatures au Capes aient diminué de 63 % ?
Ce gouvernement n'est pas responsable de cette situation dégradée, due à plusieurs causes : l'accumulation de réformes qui ont alourdi les tâches quotidiennes sans apporter de moyens supplémentaires ; des classes trop nombreuses ; une évolution parfois négative des relations avec les élèves et les parents d'élève ; une augmentation du mal-être enseignant. Cet ensemble de facteurs a conduit à une perte de sens.
Nonobstant, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la question salariale. D'après les données connues, nos enseignants sont mal rémunérés en comparaison de ceux de nombreux autres pays, à chaque étape de la carrière et à tous les niveaux d'enseignement, sauf en maternelle. Ainsi, le salaire annuel d'un professeur des écoles débutant est inférieur de 10 % à la moyenne de l'OCDE. Après quinze ans, l'écart à la moyenne est plus important encore, de 19 %, la France se plaçant ainsi au dix-septième rang des trente-huit pays de l'OCDE.
En vingt ans, nos enseignants ont perdu entre 15 % et 25 % de rémunération. Nous nous devons de les remettre au centre du système de l'éducation nationale : il y va de l'avenir de l'école et des 12,8 millions d'élèves et apprentis des premier et second degrés qu'elle forme chaque année. Ces chiffres inquiétants montrent qu'il est urgent d'agir. Rappelons-le, nous avons une chance : nos 859 000 enseignants tiennent la barre d'une école parfois en crise – il faut bien le dire.
Ce constat doit nous alerter. Pour ne pas noircir plus encore le tableau d'une craie trop appuyée, permettez-moi de rendre hommage au dévouement des professeurs ayant embrassé cette voie par vocation, les descendants des « hussards noirs de la République » chers à Charles Péguy. Néanmoins, on peut se demander où ils sont aujourd'hui car de moins en moins de personnes rejoignent les rangs de l'éducation nationale,…