Au nom du groupe Socialistes et apparentés, je remercie le groupe La France insoumise d'avoir inscrit à l'ordre du jour ce débat sur la revalorisation des salaires des enseignants.
Avant de devenir députée en juin dernier, j'ai exercé pendant vingt-huit ans le métier d'enseignante. J'étais alors au dixième échelon et mon salaire s'élevait à 2 700 euros net par mois ; il ne me restait plus qu'un échelon à franchir pour terminer ma carrière.
Nous pouvons continuer longtemps à nous rassurer collectivement en arguant que le métier d'enseignant est un métier passion et que les professeurs ne choisissent pas cette voie pour l'argent. Cependant, cela en dit long sur notre conception de l'école publique et sur l'importance que nous donnons à la scolarité de nos enfants ou à la reconnaissance de nos enseignants.
Notre collègue Fabien Di Filippo l'a rappelé, un enseignant en début de carrière touche désormais 1,2 fois le Smic, contre 2,3 fois le Smic il y a quarante ans. Les enseignants se sont appauvris, et c'est peu de le dire. D'autre part, en application de leur grille indiciaire, le salaire moyen des enseignants du premier degré n'augmente que de 545 euros en vingt ans de carrière. Quel autre métier doit se plier à une évolution salariale aussi minime ?
Le métier manque d'attractivité. Si les freins ne sont pas tous liés à la rémunération, c'est l'un des problèmes soulevés chaque année lorsque vient l'heure des concours et que les candidats manquent cruellement : ils sont 30 % à 40 % moins nombreux que dans les années 2000.
Pour que le métier attire de nouveau, il faut notamment procéder à une revalorisation salariale ambitieuse de l'ensemble des enseignants. C'est précisément ce que le Gouvernement annonçait il y a six mois, évoquant une « revalorisation historique ». Toutefois, le détail des mesures qui se cachent derrière ces annonces ne traduit rien de cela, et la profession dans son ensemble affirme ne pas être satisfaite par ce que vous proposez.
Durant sa campagne électorale, le Président de la République promettait une augmentation des salaires de 10 % pour tous les enseignants. Très belle mesure ! Le groupe Socialistes et apparentés – et, je crois, l'ensemble de la NUPES – est favorable à une telle avancée. En fin de compte, la mesure ne concernerait que les enseignants en première moitié de carrière. Qui plus est, lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2023, nous avons appris que ces 10 % engloberaient les mesures prises sous le précédent quinquennat ainsi que la hausse du point d'indice appliquée en juillet. Enfin, il semblerait que vous ayez décidé que cette revalorisation prendrait la forme d'une prime. Or une prime n'est pas une augmentation de salaire ; elle ne comptera pas pour leur retraite.
Hier, monsieur le ministre, au cours de votre audition par la commission des affaires culturelles et de l'éducation, vous avez annoncé une revalorisation salariale supplémentaire pour les enseignants en milieu et fin de carrière. Quel en est donc le montant ? Est-ce une augmentation du point d'indice ou une prime, par exemple une augmentation de l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (Isoe) ? Pour le moment, c'est une revalorisation au rabais, qui ne respecte absolument pas les promesses électorales initiales.
La deuxième mesure, celle du pacte enseignant, n'est pas non plus une revalorisation réelle, puisqu'elle est conditionnée par l'exercice de nouvelles missions. De fait, vous vous contentez de promettre que le travail supplémentaire que vous demanderez aux enseignants ne sera pas bénévole ! Nous n'avons pas la même définition de la revalorisation salariale. À l'heure où le métier n'est plus attractif, vous proposez aux enseignants de nouvelles missions, qui s'éloignent toujours un peu plus de leur mission initiale : enseigner. Rappelons que, pour les professeurs du second degré, il s'agit d'enseigner une matière bien spécifique, dans laquelle ils se sont spécialisés pendant cinq années d'études.
Les propositions du groupe socialiste sont claires : nous demandons la revalorisation des salaires de tous les enseignants, sans condition ; il doit s'agir d'un relèvement de 10 % du point d'indice, autrement dit d'une réelle augmentation de salaire, et non des primes. Une loi de programmation donnant une meilleure visibilité sur l'évolution des rémunérations doit être mise sur la table.
Les nouvelles missions concernées par la revalorisation du pacte incluent-elles le remplacement au pied levé des collègues absents ? Imaginons un prof d'histoire-géo qui remplacerait au pied levé un collègue, sans savoir où il en est dans le programme et sans avoir préparé le cours. On peut s'interroger sur l'intérêt pédagogique d'un tel remplacement pour les élèves.
Le problème est d'ailleurs peut-être là, monsieur le ministre :…