Intervention de Fabien Di Filippo

Séance en hémicycle du mercredi 5 avril 2023 à 15h00
Revalorisation du salaire des enseignants

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Di Filippo :

On continue de prendre le problème à l'envers et de dévaloriser les carrières dans l'éducation nationale.

Je veux dire un mot de la filière professionnelle, qui concerne un lycée sur trois et se trouve au carrefour d'enjeux économiques sans précédent pour notre pays dans les domaines de l'industrie et de l'artisanat. Alors qu'elle concentre surtout le plus d'élèves décrocheurs, qui peinent à poursuivre des études ou à s'insérer professionnellement, c'est elle qui éprouve le plus de difficultés à pourvoir des postes d'enseignement avec des titulaires, ou à les pérenniser. La réforme annoncée du lycée professionnel laisse ces aspects de côté et ne résoudra pas le problème de la fuite en avant vers l'enseignement général, ni celui d'un baccalauréat toujours plus dévalorisé et que l'on donne quasiment à tous les élèves. Dans la filière professionnelle, le recours aux contractuels s'est accru ; et comme dans toutes les filières, les professeurs sont « bombardés » devant des classes avant même d'avoir pu effectuer la moindre formation, avec un niveau de rémunération logiquement inférieur. Les témoignages depuis la rentrée ne manquent pas.

Alors que nous évoquons la question du pouvoir d'achat des enseignants, nous parlons majoritairement de cette France aux salaires légèrement inférieurs à la moyenne mais qui paye toujours tout sans avoir droit à aucune aide ; celle qui, depuis deux ans, voit ses factures d'énergie et ses factures alimentaires augmenter respectivement de 20 % et de 25 % – soit la hausse des prix alimentaires sur les deux dernières années attendue pour le mois de juin – ; celle qui a du mal à boucler les fins de mois alors qu'elle élève des enfants, ou qui peine à se loger quand des professeurs sont affectés dans des métropoles où les loyers sont très élevés.

Ce paramètre économique n'est qu'un des facteurs du déclin de l'enseignement. Nous aurions pu parler de la remise en cause de l'autorité, autrefois garantie au professeur, par des familles et des élèves qui la contestent de plus en plus. C'est un fait qu'on n'observait pas dans les générations précédentes, qui faisaient confiance au savoir et aux méthodes de l'enseignant. Nous aurions pu aussi évoquer la perte de sens pour les professeurs face à la multiplication des missions aux contenus parfois baroques et des priorités plus ou moins pédagogiques. Il aurait mieux valu leur faire confiance pour accomplir leur mission première : transmettre des savoirs et construire l'avenir des jeunes. Mais c'est bien le paramètre économique qui est l'objet du présent débat.

En conclusion, je vous dirai deux choses. Premièrement n'essayez pas de faire un coup marketing sur les revalorisations salariales.

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