Ces évolutions sont la cause majeure de la pénurie de professeurs que l'on voit s'installer depuis quelques années. À la rentrée 2022, plus de 4 000 postes de titulaires n'étaient pas pourvus. Ainsi, certaines classes de primaire ont passé des semaines entières sans enseignant, de même que des collégiens et des lycéens ont vu des trimestres entiers s'écouler où tous les cours d'une matière étaient annulés.
Les réformes, depuis 2017, se fondent sur des arguments pédagogiques fallacieux dans le but de masquer cette crise des vocations. On a d'abord eu les réformes Blanquer, qui visaient à sortir des matières du tronc commun pour masquer les difficultés à recruter des professeurs, et à mettre en avant des options. Résultat : un baccalauréat à plusieurs vitesses et un nivellement académique par le bas – soit le pendant en matière d'enseignement du nivellement salarial que j'évoquais plus tôt. C'est vraiment triste pour une nation comme la nôtre, qui faisait de l'excellence de l'enseignement le socle de la méritocratie.
Voilà qu'on nous parle maintenant de hausses de salaire : ce n'est pas encore une réforme du ministre Ndiaye, même si celui-ci devrait annoncer des revalorisations dans les quinze jours – cela fait tout de même quelques mois qu'on en parle. Ces hausses sont conditionnées à un rôle de bouche-trou confié aux enseignants, qu'il s'agisse de remplacement, d'orientation ou de soutien scolaire, faute de pouvoir ou de vouloir remédier aux difficultés structurelles de recrutement des professeurs.