Si la France est la deuxième puissance maritime mondiale, c'est grâce aux outre-mer ; si elle est une puissance sur le plan de la biodiversité, c'est grâce aux outre-mer ; si elle est une puissance en matière d'énergies renouvelables, c'est grâce aux outre-mer ; si elle est une puissance géostratégique où le soleil ne se couche jamais, c'est encore grâce aux outre-mer. C'est dire l'apport et la contribution de nos peuples, de nos cultures, de nos richesses et de nos milieux naturels à la République française.
Pourtant, en Martinique et en Guadeloupe, à cause d'une forme d'inaction punitive qui a donné la priorité aux profits et à la logique productiviste au détriment de l'écologie, l'utilisation du chlordécone dont j'ai parlé dans mon discours préliminaire, a contaminé nos terres pour plusieurs centaines d'années. Ce produit a empoisonné 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais ; il a contaminé nos eaux et nos rivières, provoqué et développé des maladies graves et multiples, avec un impact destructeur sur nos économies respectives, notamment l'agriculture et la pêche.
Cette punition se traduit aussi très concrètement au quotidien sur le plan de la santé, de l'environnement, des questions sociales et économiques dans nos territoires. Ce scandale d'État, reconnu par le Président de la République lui-même, ne peut rester sans réponse sérieuse ni justice.
Alors, monsieur le ministre, il est temps d'aller plus loin et d'être concret. Il est temps de sortir des plans chlordécone I, II, III ou IV. Il est temps d'engager une véritable loi programme complète, pour une durée de vingt ans minimum, comme l'a voté symboliquement la collectivité territoriale de Martinique il y a quelques jours. Il est temps de sortir de ce scandale et de décontaminer les sols, d'octroyer plus de moyens à la recherche scientifique, d'indemniser les ouvriers agricoles et les multiples victimes avec une prise en charge et un suivi médical adaptés, d'indemniser également les artisans, les marins pêcheurs et les petits agriculteurs pénalisés, ainsi que toutes les petites et moyennes entreprises touchées. Il est temps d'agir !
Cette loi programme devra intégrer les quarante-neuf préconisations formulées dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur l'utilisation du chlordécone et du paraquat, présidée par Serge Letchimy et dont Justine Benin était la rapporteure. Ce rapport répond en effet clairement, de manière globale, concrète, coordonnée, complète et efficace, au problème de sortie de l'empoisonnement au chlordécone. Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à prendre l'initiative de proposer une telle loi programme, à titre de juste réparation, afin de mettre un terme définitif à ce fléau ?